Les ecomonstri italiens.
Exposition « Empire of Dust » d’Amélie Labourdette à la Galerie Thierry Bigaignon du 09 novembre au 23 décembre 2017.
D’Italie Amélie Labourdette ne rameute pas les vestiges du passé mais ceux du présent qu’elle intitule « ecomostri ». Il s’agit d’édifices contemporains laissés pour compte et en ruines avant même d’avoir été achevés. Des constructions publiques ou privées, certaines illégales, d’autres laissé à l’abandon faute d’argent, sont saisies selon un cérémoniel complexe à plusieurs ambitions.
Il y a là des villages, des complexes hôteliers, des morceaux d’autoroute, de ponts ou stades dont ne restent que les os. Ses fantômes de béton mettent en exergue certains maux italiens : blanchiment d’argent, détournement de fonds, activités mafieuses, mépris pour les biens communs. Mais le propos met le point sur un mal plus général : certaines décisions discutables équarrissent le paysage.
Laissés à l’abandon ces vestiges a priori sans charme ne forment pas forcément des chancres sur le paysage. À leur insu des enclaves créent un vide mais aussi des sculptures plus ou moins kitsch. Elles renvoient le paysage autant à une utopie qu’une dystopie. Amélie Labourdette les saisies en image poétiquement denses et violentes pour ce qui tient d’un land-art, de la science fiction, comme de l’art de la ruine de la peinture romantique allemande façon Friedrich.
Photographie à la Une © Amélie Labourdette, Empire of Dust, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.