Glamour et brocolis.
« Meryl Meisler », Galerie Steven Kashet, New-York, du 28 février au 19 avril 2016.
Meryl Meisler plus qu’une autre photographe a su saisir l’esprit du New-York des années 70. Ignorant la 5ème avenue et les bordures huppées de Central Park, elle s’est intéressée aux rues interlopes des boîtes de nuit de diverses sous-cultures : « CNBG » pour les Punks, « Studio 54 » pour le disco et clubs extrémistes pré-Sida. Mais avant de se « perdre » dans ces lieux de stupre et de fornications l’artiste s’est intéressée à sa banlieue natale : Long Island, Massapequa – nommée « Matzoh Pizza » pour la présence majoritaire des familles juives et italiennes. Elle y fit plus que ses classes. D’abord dans des autoportraits dégingandés puis en shootant sa famille et des voisins que même Woody Allen n’aurait imaginés.
Les pérégrinations photographiques y sont désopilantes et jouissives. Chacune devient une patate chaude dont la robe des champs est remplacée par un décor kitchissime. Telle une jardinière-en-chef exigeante l’artiste semble y foire la pluie et le beau temps. Il est vrai qu’elle a à son service un casting rêvé : la confrérie (« Mystery Club ») de ses voisins qui ne cessaient d’aller explorer les lieux interlopes (maisons hantées, les studios d’enregistrement, cabinets hypnotiseurs, camp naturiste, etc. et qui s’avèrent cabotins à souhait. L’artiste put donc faire mèche de tout combustible. Au besoin d’une allumeuse à la jambe de bois.
La photographe a poussé les images dans des buissons ardents (éventuellement ils lui répondirent d’un coup de pied). Mais l’œuvre reste la main courante propre à la vie souterraine et potagère d’un être qui quoique jardinière n’avait rien à l’époque d’une pote âgé. Dans son œuvre le glamour se mêle aux brocolis. L’artiste propose des visions aussi allusives qu’ironiquement fabuleuses. Leurs gloses parfois lascives de poules et de coqs montés sur leurs ergots proposent des sommes de cogito.