Les images de la danse.
Par Marie-Christine Vernay.
En amont de la venue du spectacle Jours Étranges, la journaliste Marie-Christine Vernay nous emmène à la rencontre de Dominique Bagouet, chorégraphe phare des années 80 : son œuvre – plus de 45 pièces en une quinzaine d’années – n’a cessé de dynamiser le paysage chorégraphique de son époque.
On ne saurait résumer en quelques paroles seize années de création intensives qui vont secouer le monde de la danse. L’œuvre de Dominique Bagouet (1951-1992) trop tôt achevée et faite de multiples constellations exigerait des années de conférence. Il faudrait parler de l’homme au sourire malicieux, de sa détermination, de son exigence et de son altruisme. Il faudrait s’attarder sur son écriture où la figuration se mêle sans problème à l’abstraction. Il faudrait revenir sur son parcours, sa formation (de Maurice Béjart à Carolyn Carlson), ses chemins de traverses. Il faudrait évidemment revenir sur sa danse sophistiquée et libre dans les poignets, dans les ruades, dans sa précision des fragments. Mais cela est impossible.
Nous avons donc opté pour un angle : « Bagouet, le personnage, l’ange et le travesti ». C’est dans cette formulation que nous nous retrouvons avec lui. C’est aussi ce qui le distingue d’autres chorégraphes. Le personnage parce qu’il n’en a jamais vraiment créé au sens théâtral du terme. Pas de rôle, pas d’interprète donc mais des « personnes-danseurs », selon son expression. L’ange chez lui a fait un saut, des sauts vers l’inconnu, en fonction des collaborateurs qu’il rencontra. Et l’ange fut aussi une ombre et côtoya les figures inquiétantes du cinéma expressionniste allemand. Quant au travesti, il réunit tous ces êtres et fantômes qui hantèrent son travail chorégraphique et plastique.
Enfin, Catherine Legrand, danseuse pilier de la compagnie nous présentera sa recréation de Jours Étranges, une pièce d’exaspération que Dominique Bagouet avait créée en 1990 sur la musique des Doors.