Oh les beaux jours.
Livre « Hagiographie imaginaire de Marion Bataillard » de Florence Andoka aux Éditions Littérature Mineure, 8€.
Regarder les peintures de Marion Bataillard c’est comme écouter la musique d’India Song. Sauf qu’ici au narrateur (Lonsdale) qui n’a jamais aimé fait place une vision qui ne refoule rien, qui ose (presque) tout mais dans ce qui tient d’un réalisme onirique. Les icones baignent éventuellement dans le trivial sans jamais y sombrer. Il y a du Balthus pour la rigueur de la technique, la sensibilité des poses qui donnent aux « choses » dites de l’amour des combinaisons parfois intempestives. La contextualité emporte vers un ailleurs de manière poétique. Le plaisir est au dessus de tout. Bien plus que la luxure ou l’effervescence. L’amour y trouve des ressources nouvelles par un graphisme qui dépasse le naturalisme en un « chant » et champ qui s’opposent à tout anéantissement. L’image semble relever d’une zone plus obscure qui ruse avec la raison comme le raisonnable. Tout va par l’érotisme du côté d’une pure essence même quand un personnage vomit. Mais c’est sans doute parce que l’amour se répand selon des mouvements contradictoires. Leurs flux et reflux frappe une telle peinture.
Marion Bataillard évoque le désir plus que la soif d’intimité comme si rien en lui ne devait être caché. Tout est possible car l’ironie n’est jamais désinvolte et toute médiocrité évacuée. La passion casse l’académisme et les modes là où la peinture crée un vertige insidieux. Une telle œuvre est autant influencée par les primitifs italiens et flamands que par un réel. Mais il ne s’agit de singer ni les uns ni l’autre. Au psychologisme fait place une forme de symbolisme particulier. La tentation joue tout son rôle là où le portait est une relance des sens, destinés peut-être à nous orienter vers ce seul terme au moment où la femme vient de la mer, marche dans le cœur de l’homme qui se perd en son delta. Bref Marion Bataillard propose un monde hypersensible qui ne jette en rien l’opprobre sur l’existence ordinaire mais la subsume.
Image à la Une © Éditions Littérature Mineure.