Ode à l’X.
« Jean-Pierre Kalfon et Isa Sator », le 27 mars 2017. Théâtre Déjazet, Paris.
Par ses peintures Isa Sator entraine la peinture vers une convulsion. Elle pousse le regardeur en un (profitable) désarroi. De telles images obligent à vivre sans vérité puisque tout se transforme en un théâtre baroque plus qu’un spectacle classique. Existe un double jeu dans la face à face proposé au Théâtre Déjazet : la tension des corps coupe la parole aux mots en donnant des pistes visuelles à leur abstraction. À l’inverse les mots reconstituent dans leurs éboulis ce que la photographie impose. Si bien que les convictions que le sens commun accorde à la possibilité du discours comme à l’image se poursuivent mais se mordent la queue. L’un et l’autre deviennent des témoins inassermentables puisque les mettre « en repons » comme le propose Isa Sator et Jean-Pierre Kalfon permet de les faire fonctionner autrement.
Le désir reste en frontière des phrases et des images. Les unes n’accumulent plus en elles les eaux mortes des autres, elles les vivifient. Demeure à peine dans la pénombre de la volupté un reste de « bon sens ». La folie s’empare de l’œuvre picturale. S’y repère un état évanescent et grotesque. Il surgit alors une extase nue et non perçue comme matière mutilée du discours. D’où ce chemin de foudre où se respire l’abîme. Sa perfection est un toast à l’univers pensé. Le spectateur reste sur le seuil de rêve. Isa Sator dans ses prébendes le préserve sachant que celui qui cède à la tentation du réel ne peut que le perdre.
Image à la Une © Isa Sator.