Quête culinaire.
Je suis apatride. Bien des rumeurs circulent sur mes racines, le Proche-Orient, le Maghreb, l’Europe, l’Italie, la France, mais je n’ai pas besoin de les connaître, je n’en ai pas besoin pour exister, ce n’est pas ça qui importe. J’ai l’impression que tous veulent revendiquer ma paternité, comme si j’avais plus d’importance à leurs yeux que je n’ai de considération pour moi-même. Je sais seulement que j’ai voyagé, de Florence à Paris, et dans différentes provinces. Certains semblent se souvenir de moi dans un couvent près de Cormery, d’autres m’auraient vu à Joyeuse ou dans le Pays basque.
C’est la controversée Catherine de Médicis qui m’aurait fait connaître à ce monde où seul le sang bleu est toléré. J’ai même failli ne jamais voir le jour sous la plume de Rabelais, voyant l’ouvrage censuré et la publication suspendue durant deux semaines.
Ce qui me compose n’a jamais vraiment changé, c’est dans ces éléments que je puise peut-être ma raison d’être. Je me sentais faible, petit, ridicule, mais j’ai grandi, changé, évolué avec mon temps, au travers des époques. Tout a changé quand j’ai rencontré ma moitié. Depuis nous ne formons plus qu’un, étant seulement séparés par notre bien commun.
Aujourd’hui, j’ai compris qui je suis, et c’est grâce à lui, grâce à ce maître qui me permet de vivre et d’exister. Je suis né par amour, avec passion, délicatesse et précision. Je suis né entre les mains de cet homme, et je l’en remercie car c’est lui qui m’offre au monde.
Maintenant, je peux voir cette petite fille aux taches de rousseur derrière la vitrine de cette rue pavée et je l’entends crier : « je le veux, je le veux, je le veux. ». J’offre du plaisir ou du réconfort aux gens, une simple petite note de gourmandise dans une journée, donnée par une bouchée de macaron.
Lettre à Sébastien Fautrelle.