Nostalgia.
Megan Doherty est une photographe nord-irlandaise. Dans sa série Stoned in Melanchol elle photographie ses amies et amours dans un monde aux intérieurs saturés de lumière de néon et au dehors pluvieux et improbable. Les narrations sont construites sous la double thématique de la dérive et de la rencontre. L’univers est sinon glauque du moins morose et obstrué.
Les femmes sont seules ou entre elles, en marge de toute norme et semble sans avenir sinon douteux. Elles semblent trébucher dans des univers interlopes. Néanmoins chaque prise ressemble à une fiction. Si bien que sans jamais trop désespérer, chacune des modèles trouve la grâce de l’abîme, continue sa route et ses acrobaties en cours de chute.
De telles prises sont plus fortes que n’importe quel théâtre. Et si les rituels de pose semblent réalistes le regardeur est emporté dans un monde trouble aux déchirures soignées couvrant et dévoilant, éloignant et rapprochant, annulant au besoin l’effet civilisateur du vêtement.
Il existe là un questionnement sur la sexualité lesbienne jamais vraiment apprivoisée dans une société avide toujours de cloisonnements et de pérennité. L’artiste nous donne à voir le travail de sape salutaire et délétère de la vraie liberté. Elle n’est jamais donnée et oblige parfois à faire le vide autour de soi jusqu’au moment de retrouver des semblables
Photographie à la Une © Megan Doherty, Hideway, 2016.