Nouvelle exposition de peintures, dessins et gravures à la Galerie Ruffieux-Bril, du 25 juin au 26 juillet, avec Frank Dekkers, Jean-Noël Delettre, Benjamin Joffre et autres artistes de la galerie.
Anne Lord nous propose une rencontre avec Frank Dekkers.
Je peins pour exister.
Rude. Âpre. Sauvage. Aux Chapieux, les versants glaciaires abrupts, recouverts de névés, alternent avec les pentes enherbées des pelouses alpines, déjà parsemées en cette fin mai du jaune orangé des arnicas des montagnes. Crêtes, aiguilles et arêtes surplombent ce vallon du Beaufortain traversé par le torrent des Glaciers. C’est là, à 1 560 mètres d’altitude, près du murmure de l’eau, que le Hollandais Frank Dekkers a planté sa tente et son chevalet pour une semaine de travail intense, loin de son plat pays. Devant lui, de part et d’autre d’un gros rocher posé par quelque force obscure au milieu du torrent, s’écoulent joyeusement deux cascades. Les couleurs sur sa toile sont le gris, le blanc et le vert, avec une touche de bleu et de jaune. Ce sont celles qui l’entourent. Car Frank ne peint que ce qu’il voit. En cet instant, ce jour-là, en cette saison, à ce moment précis de sa vie.
Toute la journée, soleil et pluie ont alterné. Comme toujours pour affronter la météo peu clémente qu’il affectionne, ce grand gaillard aux yeux bleu clair a revêtu son « uniforme » : veste et pantalon imperméables sombres constellés de traces de peinture, bottes et mitaines. Ses cheveux blonds coupés courts dégagent un front aussi large que son sourire. « D’où je viens, les gens ont horreur de la pluie, elle les rend grognons. Alors qu’être dans la nature un jour de pluie, c’est merveilleux ! Et d’une beauté ! Rien n’est jamais pareil, comme notre monde toujours en mouvement ! » L’eau, que ce soit celle qui tombe du ciel en rideaux ou celle aux reflets changeants et aux sautes d’humeur qui coule dans le lit des ruisseaux, a toujours attiré Frank. Petit garçon, il restait assis pendant des heures sur une rive du Waal, le bras principal du Rhin qui traverse Nimègue, sa ville natale, à la frontière allemande. En imagination, il remontait la rivière au-delà de l’horizon, quelque mille kilomètres plus loin. Et si haut ! Car à sa source, il le savait, il y avait des montagnes. Et l’enfant qu’il était éprouvait alors un désir infini pour un espace encore plus grand, un ailleurs encore plus vaste. Cet élancement quasi douloureux, il le ressent encore aujourd’hui : « C’est un thème récurrent dans mon travail, ce désir inassouvi pour quelque chose d’indéfinissable que j’éprouvais déjà à 11 ou 12 ans. Tout est parti de là… Et au bout, il y avait les montagnes, l’origine du monde, de la force des éléments depuis des millions d’années. Tout le contraire de ce que nous qualifions de ‘nature’ en Hollande. On dit souvent qu’il n’y aucun être humain dans mes peintures mais les polders, les digues, les marécages…, chez nous, tout a été fabriqué par l’homme ! Même l’herbe de nos pâturages ! »
Jean-Noël Delettre
Né en 1971, ce jeune artiste franco-canadien est passionné par la figure humaine, il approfondira à l’école des beaux arts de Lyon sa connaissance du corps et une réflexion sur sa propre écriture toujours en mouvement. Jean-Noël Delettre profite d’un long séjour dans les Alpes : il s’immerge alors dans les sensations que lui procurent ces étendues et ces reliefs. Par une expression chaleureuse il nous invite à nous rapprocher de son sujet. Lumières aux cimes, Jean-Noël Delettre invente un rythme et crée une vibration composée : la matière jaillit, la couleur y devient espace. De là, Jean-Noël Delettre a fait évoluer sa peinture vers des portraits, des corps en mouvement et il a pu affirmer le caractère à la fois intimiste et gestuel de son langage, qui a notamment été remarqué et publié dans la presse internationale spécialisée, publication américaine « Poets and Artists « . A ce jour, ses dispositifs de création révèlent différents univers et son travail est plus proche du spectacle de la vie que de la simple pose.
Benjamin Joffre
« Mon travail a une apparence figurative, cependant sa construction est abstraite, tous les éléments qui composent la scène sont pensés comme des formes qui s’imbriquent les unes dans les autres, un peu sur le même principe des arbres de Mondrian où il déduit des formes abstraites de l’observation des arbres. Je ne fais pas de différence entre un arbre et une personne quand je les dessine, ils ne deviennent que des lignes ; par contre ils sont amenés tout deux par leurs formes à porter une émotion commune ou distincte.
Les premiers pas significatifs de cette démarche, je les ai réalisés en dessinant des montagnes, sur les hauts plateaux de Chartreuse donnant sur la vallée du Grésivaudan. Quelques dessins au fusain de ce travail sont exposés aujourd’hui. On voit dans certains de ces dessins la volonté de créer une sorte d’organisation triangulaire qui structure tous les passages du dessin. Aujourd’hui les montagnes sont un sujet souvent présent dans mon travail, elles dialoguent avec l’homme sans vraiment qu’ils se rencontrent. On distingue l’homme par les feux des voitures ou bien par le scintillement des lumières urbaines qui indiquent son passage éphémère, alors que la montagne semble immuable. »
A noter le vernissage, jeudi 26 juin à partir de 18h, en présence des artiste.
Galerie Ruffieux-Bril
30, Rue Basse du Château
73000 Chambéry
04.79.44.11.70
06.80.72.48.98
Plus d’infos sur le site de la Galerie Ruffieux – Bril