Mais qu’est-ce que les images ont dans la tête ?
Anik Legoupil, influencée par l’art et la philosophie japonaise, propose des paysages qui sortent de sa tête autant que de ses mains. On y découvre une part d’ombre mais aussi (et surtout) de clarté. L’artiste soulève le voile en désossant le « crâne » de la rationalité pour en garder – afin d’en signifier la forme – une aire grillagée.
Il y a là bien des dévoilements. L’artiste – qui n’a jamais renié la force du textile et l’importance des métiers de décoration – joue de l’opacité, de la lumière, de l’étendue, de l’horizontalité mais s’approprie de nouveaux « calques » par jeux de transparences au sein d’une topographie de perceptions et d’expériences.
Depuis des années, l’artiste par une approche successive d’approximations demande au spectateur une disponibilité et un relâchement de ses réflexes acquis. L’indifférence est impossible puisque Anik Legoupil nous fait entrer dans un travail de reconstruction là où le regard n’est plus ajusté à ce qu’il voit par rapport à ce qu’il a appris à voir.
L’objet des projets se situe dans des interstices sensibles : Anik Legoupil produit des projections imaginaires en faisant appel à une culture foraine générant elle-même des images mentales, des souvenirs, en provenance de divers expériences.
Par extension, s’ajoute la volonté de croyance à cet étonnant pouvoir qu’ont les artistes comme les enfants de croire en ce qui les fait rêver et de faire jaillir de leur rêve une réalité. L’objectif est d’éveiller en nous des sensations de flottement, une nécessité quotidienne de suspendre le temps ou le réel. Et ce par exemple pour plonger dans les profondeurs d’un roman, d’un film (japonais).
Image à la Une © Anik Legoupil, Aux portes de l’unicité, détail.