Le dynamisme et la vision du monde de Chantal Mélanson, solitaire amoureuse d’une ligne artistique éclectique, témoignent de l’art vivant.
Sa galerie fête ses vingt ans.
Il y a vingt ans, en septembre 1994, sur une de ces petites places qui font le charme du vieil Annecy, s’ouvrait la galerie Chantal Mélanson. Dès l’enfance, Chantal Mélanson a baigné dans l’univers des arts. Son projet de galerie a mûri au gré de ses expériences. Curieuse, passionnée et persévérante, Chantal Mélanson sait ce qu’elle veut. Elle est à l’écoute de l’autre, disponible, attentive à engager des dialogues autour de l’art, de la littérature, à explorer les possibles. Avec un acharnement et une intuition qui lui sont propres, Chantal Mélanson sait trouver et soutenir les artistes qu’elle considère comme les meilleurs, qu’ils soient reconnus ou non. Jamais une exposition n’a été mise sur pied sans un choix exigeant, qu’elle défendra parfois envers et contre tout. Aujourd’hui, la reconnaissance est au rendez-vous, celle du milieu de l’art, celle des collectionneurs, jusqu’à l’international.
Loin des centres parisiens, Chantal Mélanson a su créer un lieu où l’art palpite, où l’accrochage est pensé comme une architecture et où les grands se donnent rendez vous : Jean Rustin, Tapiès, Pierre Alechinsky ou Ernest Pignon Ernest en sont la preuve. Les collectionneurs, les artistes, les amateurs d’art connaissent l’adresse. Sa fidélité est sans faille, son enthousiasme et sa passion sincère ne se démentent pas. Roland Devolder, Patrick Loste, Guy Ferrer, Xavier Huchez, Gérard Jan, Francisco Sepulveda et bien d’autres peuvent en témoigner. Avec l’exposition de Yo, la galerie fête ses vingts ans en compagnie d’une artiste que Chantal Mélanson soutient et accompagne depuis dix-huit ans.
Dans ses œuvres récentes, Yo retrouve ses sources et ses maîtres anciens, les apprivoise et les transforme pour réinventer des scènes d’apocalypse, traduire ou revisiter les mythes, comme dans cet arche de Noé et ces barques omniprésentes, intemporelles, symboliques et si tragiquement actuelles. La lumière surgit de fonds noirs, les corps se mêlent, l’animal et l’humain se confondent. Les papillons de la dernière exposition rencontrent des chimères, étranges et familières. On pense à Jérôme Bosch, à la Renaissance italienne – on est pourtant bien dans un art contemporain qui nous parle de nos secrets d’aujourd’hui. La technique de Yo, basée sur l’amour de la matière et des pigments à l’huile, est une cuisine d’atelier un peu secrète, longuement éprouvée. La palette est plus restreinte, la matière moins dominante qu’autrefois mais le contraste plus intense, les formes démultipliées jusqu’au vertige.