Enna Chaton, « Love Stories – Photaumnales 2016 ». Beauvais du 08 octobre 2016 au 01 janvier 2017.
Enna Chaton propose une effraction de la conscience perceptive par le renouvellement du dispositif stratégique et en introduisant au sein de ses images un libertinage particulier : celui qui à la fois joue sur la séduction tout en décevant l’attente du voyeur. Certes la photographe et cinéaste ne pratique que le nu, aborde la question de la sphère de l’intimité, en une mise à nu des sentiments et des corps, dont elle explore avec finesse la beauté érotique. Mais la transgression est ici un jeu qui lève et complète l’interdit, sans pour autant le supprimer.
L’artiste grenobloise capte les abandons progressifs au désir (en toute pudeur), les lâcher-prises, les glissements, les dérapages, l’intensité des expériences à venir, la présence de soi par l’autre (qui demeure hors champ). Un ignoré et une sensibilité du corps sont rendus visibles. Ce n’est plus seulement la façon dont le corps parle le désir mais la façon dont le corps exposé nous parle (rebelle au jeu qu’on veut habituellement le faire jouer) que l’artiste propose. Elle dissocie l’image du sexe par le sexe. Nous sommes désormais éloignés du côté « stimuli-réponse » que propose dans sa prétendue vérité de représentation la photographie et son poncif qui, selon Baudelaire, est : « un abus de mémoire…plutôt une mémoire de la main qu’une mémoire du cerveau ».
Photogrpahie à la Une © Enna Chaton.