Intégrales et intégrités.
« Portraits », du 20 avril au 21 mai 2017. Galerie Autres Images, Paris.
Pour Jo Schwab au corps féminin érotisé se substitue sa grandeur « divine ». Chaque modèle devient icône. S’y manifeste une autre présence sans qu’aucune clé ne soit jamais donnée. L’aspect soigneusement marmoréen des portraits évacue la brutalité des sensations. Par l’habileté de sa technique Jo Schwab crée un art de la séduction paradoxale en un besoin de totaliser des spéculations conscientes et inconscientes. Dans cet engloutissement d’états les plus intimes (qui appartiennent autant au monde des faits qu’à celui des rêves) les photographies peuvent s’ouvrir bien plus à une contemplation purement esthétique et idéale qu’à une vision : le grain de peau ramène à des considérations plus « pratiques » devant de tels « iris incendiaires » (Jacques Henric).
Les dégradés du noir au blanc laissent surgir une prise exponentielle dont le regard ne sort pas indemne. L’érotisme est donc sensé perdre de sa solidité. Dehors et le dedans deviennent des notions qui ne fonctionnent plus tant il existe des altérations moins de surface que d’intention. L’idéalisme gagne (tant bien que mal) du terrain même si la force d’apparat du corps reste patente. D’où la force de ce face à face. Il « rejoue » le corps moins pour le figurer que le « trans-figurer » en un effet de sidération. La chair serait donc âme de l’âme. La débandade des horizons érotiques veulent suggérer les confins où s’amorce la promesse d’une odeur de sainteté. Ce qui n’empêche pas le regardeur de se retrouver le cul entre deux chaises. Difficile de saisir le nu sans se nouer à ses entrelacs, ses enchâssements. Chaque pan d’ombre vit là où les formes croisent leurs langues fragiles et drues sur le fusain frais des lisières de la nudité. Celle-ci témoigne autant d’une chute, que d’une remontée. Quelque chose contraint la pensée à plier. Nous voici dans le moins du monde ou plutôt dans son intégralité.
Photographie à la Une © Jo Schwab.