Esclaves consentantes du non dupe.
Dans les montages des photographies argentiques de Clémentine Belhomme le corps s’expose comme énigme. Il se montre, se cache, pense mais uniquement du côté de l’inconscient. Ses pulsations lourdes, fantasmées, animales, végétales sourdent du plus profond mangé d’ombres. Ils s’éclairent loin des mots par la traversée par l’ondoiement de tissus aux troublantes transparences, aux déchirures soignées couvrant et dévoilant, éloignant et rapprochant, annulant soudain l’effet civilisateur du vêtement. Le questionnement qui s’engage est bien plus que sur le sexe même si celui-ci n’est jamais vraiment apprivoisé.
De telles œuvres sont des adieux à l’enfance même si les figurations en leur soie épousent encore le perfectible corps dans la promesse d’éclore. Les présences aspirant aux brillants essors : à savoir ce qu’on nomme les espoirs adolescents. Un visage d’aigle surplombe un corps où la dentelle ajourée dévoile une poitrine qui se refuse, au nom de l’oiseau, à l’effroyable humilité des filles déshonorés.
Chaque photographie s’enrichit par superposition de strates parfois incompatibles. L’artiste invite à une fouille archéologique, symbolique, savante et brutale. Dans les tréfonds obscurs peut s’y chercher l’image d’une autre femme, qu’on aurait côtoyée peut-être ou du moins rêvée à l’évidence. Elle est présente mais sous une inflorescence qui la prolonge et l’isole selon des stances surréalistes qui l’habillent de pudiques fioritures. Celle qu’on peut imaginer parfois en saltimbanque fatiguée recouvre par la photographe une identité dont la scène du réel l’a dépossédée.
Photographie à la Une © In the forest, Clémentine Belhomme.