Révision des poncifs.
En faisant preuve d’une esthétique froide mais sensuelle et astucieusement critique, la photographe Katerina Belkina impose sa reprise des œuvres du passé quelle qu’en soit la nature : pieuse, décorative, morale, utopique, idéologisée ou nonsensique (ce qui n’est pas incompatible). Preuve qu’aucun artiste ne peut faire l’économie des figures du passé. L’artiste les érotise de manière glacée ou avec un humour au second degré. Elle fait œuvre de désillusion joyeuse dans ses coagulations afin de proposer une reconnaissance de leur étrangeté.
Sa photographie maintient à vif une conscience du passé par des injonctions qui triturent et bousculent les œuvres premières tout en inventant une langue plastique. Les mises en scène pervertissent et perturbent les articulations originales qui se déséquilibrent. Katerina Belkina ne cherche pas pour autant l’invention spectaculaire de grandes irrégularités du langage plastique. Elle œuvre avec plus de subtilité poétique dans le remodelage des structures premières : d’où une espèce d’évanouissement de l’ordre d’une cruauté douce et efficace loin de toute verbigération agressive. Sa photographie pourrait sembler de « tout le monde » si ce n’était ses réinterprétations jamais anecdotiques. Le consistant est au plus vif pour à la fois lever et renforcer l’énigme de la peinture. Traitée en de nouveaux rapports, celle-ci trouve par la photographie un nouvel état à la picturalité quelle qu’en soit l’époque ou le lieu.
Photographie à la Une © Metro by Katerina Belkina.