Foules de traits, attroupements de questions.
Le dessin n’est pas le miroir mais l’en-face. Martin Fuster passe de là à là. Fissures sèches. Dans l’impeccabilité. Un tel guetteur est attentif et son imaginaire ne cherche pas la pose. Le grotesque prend une vision inédite. Car rien n’est souligné, bien au contraire.
D’où la puissance de feu de ce qui semble en ordre et calme mais n’est qu’en déséquilibre. Martin Fuster ne n’agrandit, ni rétrécit rien. Il crée le « c’est ça » que seules les grandes œuvres suggèrent. Il sort de l’indistinct, du blanc, du « blank » de l’anglais. Le trait plutôt que de partir en cavale devient une lame. Elle ouvre les bêtes que nous sommes en les tordant de rire mais sans chercher le moins du monde le gore.
Car les plaies existentielles et sociales ne giclent pas forcément dans un bain de sang. Et le bouillon d’encre possède une vocation plus subtile : pousser une porte pour qu’une autre porte s’ouvre. Le dessin leur donne de petites secousses pour voir non dedans mais à travers. Car l’autre côté est ici. C’est une question d’abandon. Il n’y manque même pas notre corps.
L’œuvre du jeune artiste reste encore méconnue, certains de ses dessins sont publiés dans la revue Folazil éditée à Grenoble.
Image à la Une © Martin Fuster, Échec.