Musilac – Jour 02

Placebo

Placebo

Placebo

Une voix nasillarde et vibrante, presque insondable, portée par un rock alternatif typiquement londonien, Brian Molko et sa bande sont devenus en quelques années, et au grand damne de certains, des incontournables de la scène rock mondiale. Déjà venu enflammer l’esplanade du lac en 2007, Placebo répondra de nouveau présent ce samedi avec leur nouvel album Loud Like Love, sorti en 2013. Malgré la mauvaise foi évidente des puristes du genre, qui s’échauffent et cachent leur honteux penchants derrière de virulents et orgueilleux démentis, chacun connait et peut facilement fredonner un air de ce groupe, dont le nom fait davantage penser à une douce torpeur médicamenteuse, qu’à celui d’un succès musical planétaire. Avec leurs morceaux lyriques au romantisme exacerbé, impossible d’échapper au symptôme Placebo, qui depuis 1994, envahit les festivals, salles de concerts et inonde les ondes radio de leurs nouveaux opus. N’en déplaise aux amateurs de vrai rock – viril, acharné, sex and drug’s inclus – Placebo a su forger sa place dans le paysage musical, assez facilement, comme une douce mélopée suave, instaurant les bases d’un glam’rock distinctif. Placebo, ou la guérison par l’absence, par la chaude et salvatrice étreinte du manque. Frustration adolescente évoluant en amours déchues laconiques, le thème de l’abandon et du désespoir sentimental est récurrent chez ce groupe qui a su galvaniser les foules avec des titres comme The Bitter End, Every You Every Me ou l’album Without You I’m Nothing. N’oublions pas que durant leurs nombreuses tournées, il n’était pas rare de les voir collaborer avec des groupes mythiques tel que U2, ou d’autres artistes comme David Bowie, pour ne citer qu’une légende vivante de la musique. Si néanmoins vous n’accrochez toujours pas aux textes, si vous trouvez que la gente féminine en fait un peu trop devant ce trio anglais, vous pouvez toujours vous raccrocher à leur rythmes percutant et aux accords torturés qui ne manqueront pas d’interpeler l’oreille des plus amers d’entre vous. Et si rien de tout cela ne fonctionne, persuadez-vous que leur musique est géniale, avec un peu de chance et de persévérance, la formule peut fonctionner.

The Bitter End

Every You Every Me

Vanessa Paradis

Vanessa Paradis

Vanessa Paradis

Gamine dans un taxi, femme fatale sur les tapis rouge, mannequin ou encore chanteuse pop sur scène, Vanessa Paradis est ce que l’on appelle communément, (et j’essaye d’être le moins ironique possible) une artiste complète et accomplie. Séduisante, aimée de tous, collaborant avec les plus grands du paysage musical français, elle a su imposer son style chaloupé, emprunt d’une volupté toute française, à un large public qui compte de plus en plus de fans. Mais, car il faut bien qu’il existe un « mais » dans ce tableau idyllique, la félicitée de Vanessa n’a pas toujours été au beau fixe à Musilac. En témoigne son passage raté en 2008 pour cause de mauvais temps, et sans doute de mauvaise volonté. Face à un public déjà trempé par les nombreuses averses, chaudes en l’occurrence, sa brève apparition prit pour les fans la tournure d’une douche froide. Aussi, son timbre de voix caractéristique, presque effacé, peut vite provoquer l’agacement chez un public de festivaliers, désireux de vivre une expérience musicale percutante et non pas d’assister à une prestation d’aphone, néanmoins toujours entouré par des musiciens de talent. Malgré tout, nous pouvons tout pardonner à cet être à la voix si haut perchée, à son sourire enfantin, qui n’est pas sans rappeler celui affiché à ses heures de gloire juvénile où, habillée à la mode contestable des années 1990 et bercée par les chaos d’un taxi imaginaire, la jeune Vanessa rendait presque enchanteresse l’idée d’un aller-retour Barbès / Porte d’Auteuil. Le temps n’est pourtant plus à la nostalgie, il est au constat, et à quarante et un ans, Vanessa n’a pas finit son tour de piste. Entre rock, pop, et variété française, elle revient sur scène avec un tout nouvel album mielleusement intitulé Love Songs. La chanson éponyme, mi français mi anglais, marquée par une rythmique aux accents funk, ne manquera pas de séduire les auditeurs attentifs qui, par respect, essaierons de ne pas parler trop fort. Expérience, maturité, collaboration gagnante avec l’inimitable Matthieu Chedid (non, je ne parlerai pas de la B.O de ce dessin animé insipide qu’est Un Monstre à Paris. Je n’ai toujours pas digéré celle de Frère des Ours composée par Phill Collins)  autant de facteurs qui en font, tout de même, l’un des rendez-vous de cette nouvelle édition.

Love Song

Joe Le Taxi

Skip The Use

Skip The Use

Skip The Use

Initialement d’obédience punk, les cinq membres de Skip The Use écument depuis plus de six ans les salles de concerts et les festivals de France et d’Europe, avec notamment une halte à Aix-les-Bains en 2012, remarquée et saluée par le public. Surfant désormais sur la vague de l’électro et du funk rock, le groupe a rapidement pris son envol dans les chartes et les cœurs, parfois pré-pubères, de leur fans. Des morceaux incontournables, comme Ghost ou Nameless Word, ont fait de Skip The Use une valeur sur laquelle la scène française peut désormais compter. Présents lors de nombreuses manifestations musicales, bourdonnant constamment dans les postes radios, multipliant leur réinventions esthétiques, que ce soient au travers de clips animés ou de scénographies bigarrées, et souvent encombrantes, les cinq français menés par Matt Bastard (Matthieu-Emmanuel sur son acte de naissance) ne tiennent pas en place, désirent surprendre, au risque de déboussoler le spectateur. Miser sur des clips certes bouillonnant d’inventivité ou sur des chœurs d’enfants repris en boucle dans plusieurs de leurs morceaux – façon german touch – est une idée louable afin d’attirer le regard, mais sur scène ce samedi, ils devront de nouveau faire leur preuve face à ces milliers de paires d’yeux qui, espérons-le, ne se verront pas détournées. Skip The Use, assurez l’ambiance. You have to survive.

Ghost

NameLess World

Bakermat

Bakermat

Bakermat

Il faut être issu d’une lignée nordique ; le Danemark est très vendeur. Il faut être jeune, parce que dans ce milieu, seuls Moby ou Pedro Winter ont encore le droit d’avoir des rides. Une fois ces ingrédients rudimentaires rassemblés, sortez vos platines et votre MacBook, sans oublier toute fois de vous proclamer d’inspiration jazz et blues, restons sérieux. Prenez alors un texte aux accents de révolte moraliste, emprunt d’une véritable puissance et occasionnellement historique ; le discours de Martin Luther King fera très bien l’affaire. Développez ensuite votre sens du rythme, votre acuité du son et votre sens de la fête. Mixez tout cela avec de l’électro – tech house ou deep de préférence – ajoutez un zeste de saxophone céleste à la sauce Marek Hemman et vous obtenez Bakermat, prodige de 22 ans et déjà star de l’électro mondiale, présent ce samedi à Musilac pour enflammer la meute des « électrophiles » de tous bords. Avec des morceaux énervés mais néanmoins aériens, tel que son tube One Day, ou Uitzicht, Lodewijk Fluttert,de son vrai nom, propose une électro léchée, en tout point festive, qui ne manquera pas de combler de joie le cœur et les corps chargés d’acides de ces mélomanes 2.0 que sont les fans d’électro. On ne peut que saluer son talent, tenir en halène une foule avec si peu d’instruments est déjà une performance en soit.

Uitzicht

One Day

FFF

FFF

FFF

2014 signe le retour sur scène, après dix longues années d’absences, de la FFF ; la Fédération Française de Fonck. Marco Prince à la barre, ils seront là pour nous remémorer cette époque bénie qu’était les 90’s. On pense Grandmaster Flash bien sûre,  Rage Against The Machine mais rarement à la FFF, et pour cause, dix années dans les tiroirs donnent à leur son quelque chose de grinçant, comme une poussière sur le diamant du tourne disque, et si ce n’est leur jeu de scène toujours délirant, c’est avec un mélange d’appréhension et d’angoisse que l’on attend cet ovni issu du grenier de notre mémoire. Rien n’est pourtant perdu, et la magie peut encore opérer car même si l’heure n’est plus à la coupe Afro et au blouson en jean, les années quatre vingt dix restent une période marquante dans l’histoire de la musique et peut sans effort envoûter les milliers de festivaliers.

New Funk Génération

The Hacker

The Hacker

The Hacker

Nous sommes bien loin de la douce insouciance que Bakermat laisse planer dans ces sets, tout en langoureuses vibrations, mais bien dans ce que l’on appelle le retour de New Wave. Et pour cause, avec The Hacker, grenoblois d’origine, la techno sombre revient en force, avec des sonorités lourdes, des synthés qui s’enflamment, des voix d’outre-tombe qui dégoulinent, coulent bizarrement entre les beats sourds, comme le faisait, quoique plus gentiment, New Order à ses débuts ou encore Depeche Mode. The Hacker prouve encore, après vingt ans de carrière, que la France est le véritable berceau de la techno mondiale. Programmé juste après Bakermat, cette rencontre entre l’étoile montante et le dinosaure de l’électro est un choix judicieux, et les deux artistes auront pour objectif de venir à bout des derniers festivaliers. Le samedi soir risque d’être mouvementé.

Flesh and Bone

Mind Games

Jacco Gardner

Jacco Gardner

Jacco Gardner

Une pop psychédélique soignée, aux inspirations indéniables des Beatles pour ce jeune artiste de 25 ans qui est surement un des nouveaux talents de cette édition. À découvrir absolument. Vous aurez également le droit de balbutier quelques paroles en anglais, personne ne vous en tiendra rigueur.

The End Of August

Chameleon

HAIM

Haim

Haim

Un peu de légèreté, de féminité et la Folck Rock de ces trois soeurs américaines pour respirer un peu durant ce festival. Oui, nous voulons respirer, nous détendre et c’est surement avec un sourire aux lèvres, en balançant nonchalamment les hanches de gauche à droite, puis de droite à gauche, à la manière des ces quadragénaires bedonnants en sandales et pull-over noués autour de la taille, que vous vous laisserez bercer par la musique, presque naïve, d’Alana, de Danielle et d’Este Haim. Plus sérieusement, rien de bien innovant avec ce groupe. On pense à un girlsband ayant atteint une maturité tardive. Elles sont sans doute jolies, percluses de bonnes intentions, essayant même parfois d’intégrer un peu des sonorités hip-hop mais le rendu reste implacablement insipide. Une musique d’ambiance en soit pour déguster une bière bien tranquille, caché au fin fond du village Musilac.

Conor Oberst

Conor Orbest

Conor Oberst

Cette fois-ci, la Folk américaine est vraiment à l’honneur. Chanteur, auteur et compositeur, Conor Oberst amènera de sa voix douçâtre, et avec une certaine facilité, le public au travers de balades lyrique joyeusement désespérantes. Initialement lancé sur le devant de la scène en tant que leader du groupe Bright Eyes puis de Monster Folk, c’est en solo qu’il fera cette fois un passage éclair dans l’Hexagone. Le ton est juste, le timbre mélancolique est travaillé, et l’ensemble renvoie l’image d’un musicien sûre de son talent, aux vagues airs de Bob Dylan, et surtout un très bon client pour cette nouvelle édition. La seule zone d’ombre au tableau d’ensemble, serait de le voir se lancer dans une prestation acoustique, figure de style délicate et périlleuse pour tout artiste, aussi talentueux soit-il, comme en a déjà fait les frais Pete Doherty, monté sur la scène de Musilac avec sa seule guitare et sa gueule de bois. La drogue et l’alcool n’aidant certainement pas à tenir vingt mille personne éveillées. Conor, reste bien lucide, nous ne voulons pas d’une énième berceuse.

Firts Day Of My Life

You Are Your Mother’s Child

Tinariwen

Tinariwen

Tinariwen

C’est au travers d’un prisme étrange, alliant subtilement le rock, le blues et la musique traditionnelle Touareg, que Tinariwen nous ouvre les portes de son univers presque mystique. Ce groupe originaire du Mali et d’Algérie, en activité depuis 1982, à la fois inclassable et respecté par les plus grands groupes contemporains tels que les Red Hot Chili Peppers, prouve une nouvelle fois que la musique n’est en rien un art figé, qu’elle est toujours susceptible d’ouvrir ses portes à des univers en apparences fondamentalement opposés. Leur musique, assouf, qui signifie en tamasheq la solitude, la nostalgie, est une occasion unique de découvrir ce que le talent, lorsqu’il n’est que travail et esthétisme, basé sur une approche multiculturelle, peut apporter à la musique, et bien sûr à un public avide d’originalité.

Toumast Tincha

Imidiwan Ahi Sigdim

Killian Salomon

Rédacteur / Auteur

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