Ce soir, vendredi 4 décembre 2015, entre les pierres d’À Thou Bout d’Chant, la soirée sera folk. Des bougies indiquent le chemin aux mélomanes égarés, des guirlandes circonscrivent le chemin vers la porte de ce sanctuaire de la chanson.
On entre dans la salle déjà comble, toute illuminée de loupiotes, on trouve un coin pas trop inconfortable (une gageure) et on salive.
Clou, qui ouvre la soirée, officie du côté du dépouillement extrême : une voix, quelques accords de guitare. La chanteuse (oui, c’est une femme et non, elle n’est pas marteau) révélée par l’émission « On a les moyens de vous faire chanter » le radio-crochet organisé par France Inter en 2014, poursuit depuis une route de plus en plus remarquée. Elle avait commencé par chanter en anglais (dans le but avoué de séduire son amour de toujours, Paul Simon, de Simon & Garfunkel) et s’était découvert au fil de l’émission un goût sûr pour l’écriture en français. Elle a sorti depuis un premier EP, porté par le titre « Éternel épris ». À la radio, sa voix en avait séduit plus d’un et chaque auditeur avait hâte de se transformer en spectateur. L’opération est réussie puisque Clou séduit tout autant en chair et en os que par le biais des ondes. Dans la petite salle, l’ambiance est chaleureuse, illuminée par les rires et la voix cristalline de la chanteuse. Elle est à l’aise avec le public et il le lui rend bien, commentant allègrement chacune de ses interventions. Clou a compris l’atout de cette salle et instaure une vraie proximité avec son public. Sa présence et sa spontanéité (chose incroyablement cool, quand elle ne chante pas comme une Joan Baez, elle est drôle) compensent ainsi heureusement des chansons réduites à leur seule ossature. Espérons qu’elle saura résister aux sirènes de la musique légère et trouvera dans les racines de la folk la force de durer.
Prenant le relais de Clou, le groupe Nazca, tout enguirlandé en l’honneur de la fête des lumières, entre en scène. Depuis 2012, le quatuor enchante les oreilles hexagonales par ses chansons de poche. Quatre voix, des percussions, deux ukulélé, une guitare et quelques touches de glockenspiel suffisent à Nazca pour que la magie opère. En français comme en anglais, le ton est le même : organique. D’emblée, la voix de Juliette, aiguë, un peu enfantine, sa présence ingénue, conquièrent la sympathie du public. Les arrangements savamment orchestrés, les personnalités complémentaires de Navid, Zoé et Marc font le reste. Si Juliette est le plus souvent sur le devant de la scène, chacun est tour à tour soliste ou accompagnateur dans une même chanson. Cela donne un concert équilibré où le public peut apprécier également le talent de chaque musicien.
La centaine de scènes parcourues par le groupe depuis ses débuts leur a donné de l’assurance et un savoir-faire certain dans l’art de faire monter la sauce. Même si les textes sont encore fragiles sur certains titres, Nazca porte de belles promesses et l’on attend avec curiosité leur nouvel EP, qui sortira courant 2016, (le précédent est disponible ici). La constance du groupe, la qualité de leur travail musical et de leur présence scénique, leur fraîcheur assumée pourrait désarmer n’importe quel public. Alors, prêts à vous laisser séduire ?