Francesca Woodman, “On Beign an Angel”, Moderna Museet, Stockholm, jusqu’en décembre 2015.
L’innommable – comme son le mot l’indique – ne peut avoir de « nom ». Francesca Woodman a cherché – un temps – son image. Mais ses prises prouvent combien il était inatteignable. S’éprouvant sans qualité et sans identité la photographe a fini (très vite) par se suicider. Avant, et en 9 années, elle a révolutionné la photographie. Dans la littéralité soustractive de ses prises faites de fragmentations, dispersions, incisions, coupures, décadrages, dissolutions, effacements, abolitions, vacances, vides la photographe fut la première à porter si loin son art soumis en mal de monde et de « je ».
Le corps n’est plus que fantôme ou nuage. L’altération est décisive et l’œuvre reste le prélude d’une mort annoncée. Elle est aussi le signe d’un accomplissement paradoxal. Celle qui n’eut – de quelque côté qu’elle se tournât – qu’une longue et sombre coulée vers le néant porte l’image vers la condamnation de la présence vivante. Ne subsiste qu’une ombre aux éclats assourdis d’un « moi » sans identité. Avec une telle œuvre la photographie n’est plus là pour représenter du réel. Un « arbitraire » commence. Celui de la perte programmée au sein d’une une rhétorique de l’effondrement. Au cœur d’une douleur viscérale et métaphysique l’isolement domine au sein de l’appartement où Francesca Woodman s’enferma. Demeurent un monde de claustration retiré du temps jusqu’à sinon la disparition de l’image du moins son effondrement.