Sauver les meubles.
LIVRE « Propriété privée » par Julia Deck aux Éditions de Minuit.
Dans son art du dialogue et surtout des descriptions, après « Viviane Elisabeth Fauville », « Le Triangle d’hiver » et le détour par la science-fiction de « Sigma » en 2017, Julia Deck revient à son style du regard acerbe, drôle au moment où épousant le mode du temps la famille de la narratrice opte pour un écoquartier d’une petite commune en plein essor pour devenir propriétaire privée.
Tout était prêt pour être parfait et méticuleusement préparé. Jusqu’à ce qu’un « patatras » macronien mette le feu aux poutres lazurées de fraîche date : les Lecoq emménagent de l’autre côté du mur. Et cela tourne au poulailler. L’infini espéré semble un fini des plus provisoires car l’écume des choses crée un sous-texte improbable.
Néanmoins Julia Deck n’est pas du genre tragique. Il y a du Guitry et du Rohmer dans sa façon de converser dans ses fictions. Elle montre combien la parole est trompeuse mais comment certains mots tuent si l’on ne trouve pas qui se cache au profond de leurs fantômes. Il s’agit alors de se séparer de ses songes dans un exercice de dépossession imprévue au moment où s’ouvre un abîme où il ne convient toutefois pas de sombrer mais de se retrouver.
Image à la Une © Éditions de Minuit.