« Eros et Nature », Chapelle Sainte Anne, Galerie Joseph Antonin, Arles, du 13 au 27 février 2016.
Pour la troisième année consécutive, la galerie Joseph Antonin présente un parcours et une réflexion esthétique autour de la diversité et l’actualité des féminismes sous le commissariat de Clémentine Feuillet. Parmi les 19 artistes retenues, Camille Moravia, Cécile Hug, Émilie Jouvet, Céline Cadaureille suggèrent des formes poétiques particulières dans des jeux où à la violence succèdent diverses typologies d’une douceur particulière. Un flux déplace vers une sorte d’espoir : la privation est débordée tout autant que condensée à l’extrême par une transgression délibérée, drôle et subtile. Elle s’inscrit par la quête d’un langage plastique qui impose sa lumière face à la « nuit » du monde. Surgissent des interactions physiques qui peuvent alors se révéler, par les œuvres, avec le propre corps des artistes et dans celui des spectatrices et des spectateurs.
Au-delà du réaliste, portés par les désirs et la gourmandise des artistes se crée un buisson de questions dans l’impeccabilité des images. Emergent des voyages intérieurs faits d’élans érotiques mais où ce dernier adjectif prend un nouveau sens. Les artistes le réinterprètent dans réseau parcouru d’intensités diverses de mémoire, de pensée, de sensation, d’émotion. Entre persistance du « mal » et la permanence de l’obstacle les féminismes – du moins tels que le décline entre autres Camille Moravia, Céline Cadaureille ou Cécile Hug – exprime une liberté consciente de sa limite, de sa fragilité, du peu qu’elle est mais de tout ce qu’elle peut changer. De telles créatrices proposent une approche sensible de la matière qui permet d’envisager des liens avec leur propre corporéité, en évoquant autant des situations originelles que le fait de palper le monde à leurs propres mains.