Corps insomniaque travaillant la toile.
LIVRE « Blues pour Jackson Pollock » par George-Icaros Babassakis aux Éditions Derrière la salle de bains • Maison Dagoit.
Comme son à sujet – Pollock –, George-Icaros Babassakis empoigne l’espace par projection. Il jette la présence du poète non seulement pour la donner mais l’éprouver. Et ce à l’image des multiples éjaculations et tourbillons du bâton de Pollock. En quelques mots il remonte l’histoire du peintre : « Avec quatre frères à la ferme / Vêtements froissés, les yeux fixant l’herbe / Étudiant entre le petit-déjeuner et le dîner / Les différents replis de la nature / Explorant la substance matérielle / Sa vision à l’unisson avec l’imperceptible / Une cigarette allumée à sa belle bouche / Il devança ses frères : Corps insomniaque travaillant la toile ». L’espace devient poésie comme elle est peinture chez Pollock par le geste à l’épreuve du temps.
L’espace est en pulsion parce que Pollock tue la virtuosité. Et son commentateur poète retrace la prolifération de ses envols. Ne reste de manière presque magique dans ce poème uniquement le nécessaire : à savoir l’ouverture du vertige absolu par proliférations de rythmes. Jaillissent les amalgames du destin de l’artiste et de son bâton qui bande et bâtit jusqu’à « la terre pour lancer sa foudre et son foutre par le geste sauvage et intact ». Reste la pulsation du corps et du cortex, l’imbrication du calme et de la violence, du chaos et de l’évidence dionysiaque que Babassakis rappelle.
Image à la Une © Éditions Derrière la salle de bains • Maison Dagoit.