La visagéité.
Bruno Leray, « Impression atelier », à la Galerie Deneulin à Barraux du 07 mai au 04 juin 2016.
Il existe, au sein de l’art du portrait pictural, diverses logiques. Certaines sont capables de donner à voir une vérité qui n’est pas d’apparence mais d’incorporation. C’est le cas de Bruno Leray qui paradoxalement peint ce qui ne peut pas se photographier à savoir le visage…
L’artiste a compris comment depuis l’Antiquité grecque visage et masque étaient indissociables. Pour éviter de contaminer le premier par le second il crée des troubles. Mais ils n’ont rien d’identitaire : bien au contraire. La logique anthropomorphique de l’art occidental est donc remisée par un effet de diffraction qui opère une ouverture.
Dans ses portraits c’est la « visagéité » (Beckett) qui l’intéresse : à savoir une saisie qui souligne la « fausse évidence » des figures. L’artiste ruse avec celle-là. Il sait en faire éclater les masques et prouve que tout peintre portraitiste est celui qui se met « en quête d’identité » en s’arrachent à la fixité du visage afin de plonger vers l’opacité révélée de son règne énigmatique.
Brunon Leray se fraye un chemin comme en dedans du visage par effet de surface en de longues vibrations de lumière et de matière. Soudain le dedans laisse monter la trace et l’ajout d’une existence prisonnière. Et ce par l’éclat diffracté de la lumière sur la peau. À ce titre l’artiste ne cherche pas à satisfaire le regard et la curiosité par des images accomplies, arrêtées mais par le gonflement progressif de leur vibration ou l’amorce de leur extinction.