Tiré par les cheveux.
En jouant sur les cheveux Cécile Henryon donne à ses photographies une signification humoristique et déconcertante qui échappe aux lois du genre traditionnel du portrait. L’imaginaire ne cherche pas – et contrairement à ce que Baudelaire écrivait dans son article sur Pierre Dupont dans L’Art Romantique – à : « contredire le fait de ne plus être » mais au contraire de le signifier. L’anonymat évacue la visibilité admise au moment où les modèles non seulement ont du mal à distinguer ce leur qui arrive mais ils perdent la moindre lumière sur ce qui les désigne et les rend imperceptibles aux autres. La réalité tangible est en déséquilibre au sein de communautés. Elles tiennent sinon à un cheveu du moins à quelques mèches.
Dans ce glissement vers l’absence la crinière reste néanmoins essentielle mais ouvre sur un abîme du sens. Un innommable prend forme. Par effacements physiques partiels et drôlatiques l’être prend conscience moins de sa stupidité que de son désir de fuir l’horrible réalité. Là où la solitude physique est « dénouée » sans avoir à besoin d’inventer des souvenirs…
Photographie à la Une © Cécile Henryon, Vanité Parasite.