La beauté du presque sans vie.
Lilia El Golli est une photographe qui regarde au dessus des épaules, derrière les faux-semblants, au-delà du réel, entre les lignes et dans les interstices. Aucune de ses images n’est anodine, elle a le souci du détail et la volonté de faire surgir l’indicible de façon souvent spectaculaire, flamboyante ! Quand elle a réalisé une série de portraits de tisseuses du Sud de la Tunisie, Lilia a fait jaillir le regard de ces femmes au point de vous faire baisser le vôtre. Lilia est ainsi, elle voit ce que l’on ne voit pas, ou plus, envahis que nous sommes par la multitude des images.
Dans la série Corruption(s), elle nous révèle la beauté des matières en décomposition, entre la vie et la mort, sur le fil du rasoir. Coquille d’œuf, feuilles mortes, agrumes… saisis à l’instant t, et à jamais, dans une forme de splendeur en déliquescence. Nous revient alors cette chanson de Baschung : « Là un dard venimeux, là un socle trompeur, plus loin une souche à demi-trempée, dans un liquide saumâtre… ».
Le temps et la patience jouent des rôles majeurs dans ce qui naît du pourrissement, une manière, aussi, de porter un regard, une double réflexion sur notre société contemporaine, coincée dans un sas, entre « splendeur et décadence ».
La série Corruptions est présentée au Salon de la Photo 2016, au « Coin des photographes », du jeudi 10 au lundi 14 Novembre, Parc des Expositions, porte de Versailles à Paris.
Photographie à la Une © Lilia El Golli.