Peintre de l’effacement.
Exposition Cy Twombly. Paris, Centre Pompidou du 30 novembre 2016 au 24 avril 2017.
Cy Twombly s’interroge sur les conditions d’existence de la peinture, ses chances de survie. Il la porte tout autant à son point de quasi rupture d’où cependant elle renaît plus puissamment et plus dépouillée de ses éléments de « décor ». C’est donc dans une technique du retrait que le peintre hypnotise en la rendant aussi propice l’inscription du signe humain dont elle aspire à devenir le support qu’à un dépassant du langage picturale.
Portée à ses limites, à son point de renversement, il ne conserve que des traces ou des biffures condamnées au silence, à l’absence. De griffures en griffures, l’élucidation du sens passe par interruptions, surcharges, effacements. Ils corrodent et émiettent l’espace.
Demeurent autant l’exaltation d’une béance que l’impénétrabilité d’une paroi. Les signes bruts, lapidaires, brouillés n’ouvrent que sur l’évidence de leur illisibilité, de leur incongruité comme s’ils refusaient à s’articuler dans un espace compréhensible. Les tableaux « parlent » de la sorte un langage neutre, presque absent mais tout aussi sensible, poignant comme émis de manière parcellaire par un être errant, coupé – non sans effervescences particulière et intempestives – de sa réalité, de son histoire, du réel et de l’Histoire.
L’exercice d’une forme d’oblitération renvoie au-delà de la figure qu’elle peut simuler ou stimuler afin de lisser échouer comme sur une plage verticale un ensemble de signes humains muets et suspendus, de balbutiements : celui peut-être d’une ombre humaine à la recherche de son corps.
Image à la Une © Cy Twombly.