Quand les valises décartonnent ou le « non-finito » du maestro.
Daniel Dezeuze, « Tableaux-valises et dessins », Galerie Templon, Paris du 9 janvier au 20 février 2016.
Depuis plusieurs années Daniel Dezeuze multiplie les accroches intempestives. Plus que jamais libre il ose tout et propose dessins « glissés » et tableaux valises propres à casser les topos sous l’égide de divers types de voyages. Objets et couleurs, œuvres au sol ou accrochées, plein et vide jouent dans des tableaux sculptures dignes de l’art-povvera et des dessins qui prennent la tangente. Nous sommes au-delà du réel entre jeu et mystère afin de prendre le réel à revers. Supports/Surfaces, dont Daniel Dezeuze fut l’initiateur, n’est pas oublié : mais les supports changent et les surfaces idem. Le nomadisme s’étend à travers les matières banales propices pourtant à bien des richesses visuelles.
Détours et détournements fonctionnent à plein régime. Au sein de couleurs vives le « Bricol-bât » prend de la hauteur à même le sol et qu’importe si les coléoptères ratent leur envol. L’art est « suicidaire », il est papillonnant plus que stèle – non sans confusion habilement ordonnée. Rien n’est bien brossé, l’élégance n’est pas de mise mais le fatras salue de manière intrépide l’infini. Teintures et griffures font le reste dans le criard et le mauvais goût programmé. Il existe des chutes et des remontées, à travers ce qui peut tenir parfois de la pochade pour regard écureuil : à savoir celui qui est obligé d’oublier ce qu’il a l’habitude voir pour se laisser prendre dans le « non-fintito » de l’œuvre in progress. Elle « roule » de guingois dans ses jeux parallélépipédiques, et la peinture bave doucement « sic transit gloria » au nom de sommations du saute-ruisseau ou de l’ange guide qui soumet l’art soumis à des tortures singulières.