Le gouvernement a donné son feu vert à l’entrée en vigueur au 1er juillet de la nouvelle convention d’assurance chômage, contestée par les intermittents du spectacle, par un arrêté publié jeudi 26 juin 2014 au Journal officiel.
« Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. »
Charles De Gaulle. 1940. Londres. Après l’armistice.
Le jour viendra où l’on se rendra compte de la nécessité culturelle pour notre pays. Le jour viendra où la France fera preuve de bon sens… Ce jour là, peut être que la lumière sera faite sur les rouages constituants ce tissu artistique que l’on piétine bien tristement.
« Paris, Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris Libéré! »
Charles De Gaulle. 25 août 1944. Paris. Place de l’hôtel de ville.
Une lettre de Antoine Formica, comédien soumis au régime de l’intermittence.
Carnet d’art adresse son soutien aux artistes de ce pays.
Ma vie de comédien.
Je parlerai de ce que je sais, de ce que je vis, mon point de vue de jeune comédien. Depuis que j’ai commencé à travailler j’ai renouvelé trois fois mon intermittence en participant à d’importants projets pour lesquels j’étais bien rémunéré. Le reste du temps j’avais la liberté de faire des expériences avec des compagnies qui n’avaient pas les fonds pour me payer, de lancer mes propres projets, et de continuer à me former et rencontrer des professionnels. Le doute et l’incertitude font partie intégrante de la vie de comédien. Par exemple, l’année prochaine je ne sais pas encore comment je vais gagner de l’argent. Heureusement qu’il y a l’intermittence qui me permet d’être disponible si on me propose du travail dans le courant de l’année : chose plus compliquée si je devais avoir une activité parallèle (alimentaire) pour gagner ma vie.
Une réforme, des inégalités.
La réforme proposée par le Medef vise la suppression des annexes 8 et 10 de l’intermittence, c’est-à-dire un changement profond du régime pour les ouvriers, techniciens, et artistes. Ainsi, supprimer toute spécificité entre corps de métier du spectacle pour créer une sorte de règlement simpliste les regroupant tous. A terme, le but affirmé de Monsieur Gataz est d’anéantir ce système de l’intermittence afin de remettre tout le monde sur le régime général.
D’autre part, il s’agit aussi de modifier l’article 4 qui concerne un différé d’indemnisation pour les intermittents qui ont les plus petits statuts. Aujourd’hui l’intermittence s’acquiert après 507 Heures de travail rémunéré sur une période de 10 mois. Quand un intermittent renouvelle son statut, il y a 0 jours d’attente avant qu’il soit payé. Avec la réforme, il y aurait un différé de paiement de trente jours, pendant lesquels le dit intermittent ne perçoit aucune indemnité. Evidement les plus menacés sont les plus précaires, ceux que l’intermittence sauve et permet d’exercer ce métier sans autre revenu.
Enfin nous pourrions parler de l’augmentation de 2% sur les charges salariales, qui compliquent encore plus l’embauche.
Par ailleurs, il existe de nombreux autres points dans cette réforme tendant à précariser d’avantage les petits statuts.
L’objectif est d’écrémer les intermittents aujourd’hui au nombre de 106 000.
François Hollande a signé un pacte avec le MEDEF de 50 milliards d’euros d’économies. 3 milliards doivent être effectués sur la caisse d’assurance chômage.
Les intermittents coûtent exactement 300 millions d’euros, sur un déficit total de la caisse d’assurance chômage de 37 milliards d’euros. Autant dire une goutte d’eau. Sans compter que l’industrie culturelle rapporte de l’argent au pays, elle pèse 3,2% du PIB de la France. Actuellement 7 fois plus que l’industrie automobile. En effets, des manifestations comme le festival d’Avignon, d’Auriac (théâtre de rue), les festivals de musique font vivre des villes et des régions en permettant de développer le tourisme etc.
Les chiffrent parlent d’eux même, et il est aberrant que l’Etat français conscient de cela, n’agisse pas; et même prend des mesures qui affaiblissent si durement la politique culturelle sur le territoire.
La culture est un des secteurs d’activité les plus viable pour la France. Il n’y a donc pas de raison de l’amputer. Des aménagements doivent être faits certes, car certains abus peuvent être évités, notamment dans les secteurs de l’audiovisuel et de la télévision qui embauchent en tant qu’intermittents des salariés au lieu de les embaucher en CDI (même si cela ne représente que 4% du déficit que coute l’intermittence à l’assurance chômage). Des propositions on été faites par la coordination des intermittents pour retourner à la table des négociation, mais elles ont été rejetées.
Le combat est idéologique. Le mot d’ordre est clair : il ne faut pas que le régime d’intermittence, qui n’est pas un privilège mais un droit, puisse s’étendre à d’autres corporations, intérimaires, précaires etc.
L’Etat fait des économies par le bas en privant toujours les plus fragiles. La France veux rester dans la course à l’échelle mondiale mais elle érode ce qui fait sa force : l’exception culturelle française et les acquis sociaux. Tout cela augmente les écarts entre les plus précaires et les plus riches.
Je vous invite vivement à lire les articles et visionner les vidéos de Samuel Churin, porte parole des intermittents et précaires d’Ile-de-France, dont l’exposé de la situation et ses explications nous permettent d’avoir un point du vu clair et argumenté.
La culture, notre dernier rempart.
Selon moi l’expression artistique est un des derniers remparts pour l’imaginaire. Un démembrement abusif et injuste du régime des intermittents conduit peu à peu à une inhibition de celle-ci, et mène au nivellement de la pensée.
L’art est un lieu de résistance, un laboratoire de pensées ouvert sur le monde. Il permet d’avoir un esprit critique, de renforcer la diversité et la différence.
Enfin, l’intermittence n’est pas un privilège mais une condition nécessaire à production artistique culturelle, source d’économie pour notre pays. Rappelons le aux élites.