Narrations et sensations.
Beau-livre, « Giacobetti », texte de Jérôme Neutre aux Éditions Assouline, 85€.
Photographe majeur du mensuel Lui pendant 25 ans et pour deux calendriers Pirelli dans les années 70, Francis Giacometti a transformé la vision de la nudité et la prise de vue. Pour le photographe « La photogénie, ce n’est pas une question de beauté au sens commun, c’est d’abord une peau, un visage, qui prennent la lumière. Jane Fonda ou Sylvia Kristel, notamment, avaient cette peau qui prend admirablement la lumière : on avait l’impression qu’il y avait une bougie à l’intérieur d’elles. » D’où un travail quasi pictural et solaire là où se joue des narrations souvent plus dramatiques que complaisamment innocente.
D’un tel travail naissent de multiples épanouissements et florescences au sein d’une sensualité prégnante mais discrète. Elle est suggérée par son impressionnisme le tumulte et le vide. L’intime se dit au sein de l’infime. La lumière respire. Se crée contre le chaos et la nuit ce qui relie l’intérieur à l’extérieur en un vêtement de lumière. L’univers est contenu dans de simples taches de couleurs et des lignes capables de retrouver une « note » perdue. Tout redevient un geste inaugural, se rapproche de l’indicible. Un rythme jaillit d’un geste souple et précis. D’infimes silences bâtissent l’espace. La sensation glisse ou nage en une éloquence insidieuse et douce.
Image à la Une © Éditions Assouline.