Famille je vous hais ou l’être et le néant.
Roman « Vingt minutes de silence » aux Éditions Le Nouvel Attila (176 pages, 17€).
La redécouverte des œuvres d’Hélène Bessette se poursuit. Le Nouvel Attila permet de retrouver l’histoire d’un meurtre : celui d’un père par son enfant. Ce crime est plus rêvé qu’horrible. Et il permet de mettre à nu les rouages des névroses familiales dont est victime un enfant infantilisé par une mère à la cuisse légère et père bourreau de la bouteille et de sa progéniture. Pas de descriptions pour autant. Le microcosme des traumatismes avance là où l’enfant devient un être sans joie, espace, avenir puisque victime de son bourreau il deviendra celui de la société qui le condamne.
Sous le fait divers se retrouve les fondamentaux de la tragédie « classique ». Rien donc de nouveau sous le soleil noir de la famille. Et l’auteure sait faire des protagonistes anodins de véritables silhouettes shakespeariennes ou proches de celles de Thomas Bernhard. La mère « sort en chemise de nuit, la chemise de nuit des soirs tragiques en haut du grand escalier à la lueur sinistre des torches ancestrales ». Du moins quand la satisfaction de ses sens est achevée et qu’un sens du spectacle peut être consommé.
Son enfant n’est qu’un parangon corvéable, dépendant et remerciable. Il n’est pas sans rappeler, dans l’exploration des spoliés, un autre livre de Bessette : « Ida ou le délire » : une bonne à la Genêt n’arrive pas à faire ce que ses sœurs chez ce dernier réussissent et ce qu’ici l’enfant accomplit. Ces deux héros n’ont pas de choix : effacés du monde leurs actes ne peuvent être que hors sa loi. Un tel livre prouve que les écrivains ne sont pas toujours des lâches, ils appuient parfois là où ça fait mal.
Image à la Une © Éditions Le Nouvel Attila.