Surface et profondeur.
Pionnière du mouvement « fabricated photographs » Jo Ann Callis explore les possibilités de son médium (comme aussi de la sculpture, la peinture et l’image numérique). Elle revisite entre autres la saisie de la nudité en relevant deux « erreurs » majeures de l’art : considérer l’image comme une peau et en tant que culture idéale de la visibilité. Pour l’artiste le « vraie » image dépasse cet état de surface et de leurre. Elle lui substitue un état de frontière ou de coupole qui surplombe ou pénètre des abîmes. Si bien qu’il existe toujours une image dans l’image. Manière d’inciter à regarder « en dessus ».
L’image déshabille le regard dans ce plongeon. Il permet d’atteindre des eaux ou des plans plus profonds. Si bien que le réel, comme une branche plongée dans l’eau, dévie la lumière et trouble le réel. La surface doit aussi être considérée comme un état limite où se distinguent des taches ou des traces. La visibilité est donc pour l’artiste un état diffracté pour suggérer des hypothèses au-delà de l’imposture de la ressemblance, de son évidence douteuse. Pour Jo Ann Callis le réel ne détermine donc pas l’image du moins pas en totalité. Elle est considérée non comme la maison de l’être ou du monde mais un lieu au caractère fallacieux, énigmatique.
Photographie à la Une © Jo Anne Callis, Untitled, (Hand and Honey) from Early Color Portfolio, circa, 1976.