Fragrances ludiques : le proche et l’éloigné.
Johannes Kahrs, « Then, maybe,the explosion of a star », La Plateau à Paris, du 12 mai au 24 juillet 2016.
Johannes Kahrs conçoit le corps (du moins de sa star) comme illimité : or et généralement, en sa normalité, il est incapable de se concevoir comme tel. Dans les photographie de l’artiste l’érotisme brûle mais non sans froideur (ce qui est normal tant une étoile est éloignée). Le plasticien ne joue pas des masses de viande et n’appelle pas forcément la violence de vagues sulfureuses. Il a pour fin de nier la mort par le jeu. Car l’érotisme est un jeu. Il dépasse toute autre activité et engage plus sérieusement que dans toute occupation qualifiée de la sorte. S’y crée la lumière au milieu de la nuit dans des ivresses dégagées de toute pesanteur.
L’obscure clarté accordée au corps n’est pas celle de l’anéantissement mais de la volupté. Elle tient chez Kahrs plus de l’attente que de la délivrance. Ses photographies ouvrent à l’illusion d’un connaissable. Toutefois ce leurre de rapprochement évite de sombrer dans la dépression inhérente à la spéculation idéaliste qui oublie les dérives du corps. Elle ouvre à la remontée du cri de joie qui résonnait déjà non dans la caverne de Platon mais dans celles de Lascaux. Et soudain l’érotisme réclame ni transgression, ni l’interdit : juste un sens du rituel où il n’existe ni sacrifié ni sacrificateur et pas de condamnation. Voici la communion païenne. Il s’agit d’entrer dans un pays où tout est permis hormis la possibilité de faire sienne la femme strass et sirène.