Révision de la « paranoia-critique ».
Esthétiquement plus corsaire que pirate (même si le noir « entre acides » est aussi une de ses couleurs), Marie Laure Dagoit cultive le mentir vrai dans ses textes et la vérité du mensonge dans ses images.
Elle retrouve là une postulation surréaliste chère à Aragon mais surtout à Dali – que l’éditrice ne l’affectionne pas particulièrement. Comme lui elle prend facilement la mouche, avant de s’envoler pour sabrer l’azur ou se poser sur un ciel de lit. Elle reste néanmoins fine guêpe sans que puisse s’affirmer si sa robe est de traits noirs sur fond jaune ou jaunes sur fond noir.
Elle développe une étrange poésie du réel selon une forme de « narration » ramassée. L’image devient discours et le texte image – mais non métaphore : car la métaphore cicatrise et Marie-Laure Dagoit ne le cherche pas. Ses propres photographies sont d’ailleurs moins des prises « tierces » que des selfies inversés. Elle y tente – simplement – et tant que faire se peut – la distillation des amours nocturnes afin d’amarrer celles plus claires du lendemain matin. Car celui-ci, même lorsqu’il bâille, est saisit d’une « éternelle insolation ». Exit alors les morts emphatiques et les marmoréennes figures : la chair exulte. Bien que seule parfois. La vacance y impose sa gloire solaire. Mais n’est-ce pas la manière que possède la littérature comme l’art pour lutter contre les idées noires?
Marie-Laure Dagoit, « Travail manuel », « Essuie-toi », « Porno-graphique » « De toute façon je n’ai rien à me mettre », Editions Litterature Mineure, Rouen.
Photographie à la Une © Gilles Berquet.