Martin Parr, « Life’s a beach, un anglais à Nice », Le Théâtre de la Photographie et de l’Image, 13 juin – 13 septembre 2015.
Il arrive que le célèbre photographe anglais Martin Parr, à force de parcourir le monde, ait besoin de vacances. En Britannique qui se respecte, il a passé les dernières à Nice sur – bien entendu – la Promenade des Anglais et sa plage.
Il n’en oublie pas néanmoins ses histoires ceintes. Mais il se contente ici d’images ironiques et drôles dans les cadrages dont il a le secret. Restent sur les galets de molles fesses, quelques carcasses musculaires de bellâtres que la vieillesse a rejoint..
Loin des engelures de sa série « Bad Weather » les corps sont cuits à point. Il arrive que l’oiseau chante à la fourche des jambes. Mobiles, immobiles certains corps s’enfoncent dans la mer, d’autres s’élèvent sur leur serviette. Il y a des tendresses bergères sur fond de littoral. Des jambes triées sur le volet se bandent pour les odes hissées d’accrocs baths au mort bide. Restent des mac à dames sur le quai, des femmes mûres marrantes, des raies alités, de sourds cils, de las teints, d’épaisses sœurs et leurs émaux de la faim. Bref le regardeur ne se retrouve jamais plus proche de quelqu’un que de sa serviette.
Sans y toucher Martin Parr montre jusqu’où va la matière et qui la pétrit. Le tout avec la pudeur et le flegme britannique du plus grand photographe de la perfide Albion. Devant ses yeux : l’esquisse d’une vieille femme aux dés brouillés. Elle songe à un dernier coup de reins. Mais son quidam la secoue et lui assène « éveille-toi assez pour savoir que tu rêves ». Toutefois seule la photographie parle afin que les personnages n’aient pas à le faire. Le tout dans la bonne humeur. Les petits pois sont rouges, les gens forment un tas lent Qu’importe s’ils dorent mal. Les heures sont douces sous bien des tresses. Parr se contente de s’amuser des estivants en devenant leur semblable et leur frère.