Mona Kuhn, « New Works » à la Galerie Catherine et André Hug. Paris jusqu’au 17 décembre 2016 et vu à Jackson Fine Art, Paris-Photo (novembre 2016).
Photographier d’après nature c’est pour Mona Kuhn photographier des femmes et des hommes nus, des femmes surtout. Seules ou avec leur partenaire. Ses photographies font d’elles une sorte de Puvis de Chavannes mâtiné de Courbet des temps modernes par l’érotisme pictural de ses prises.
Elles échappent autant au symbolisme qu’au réalisme idéalisé et bien pensé. La destinée du corps y devient plus souple, dépouillée non seulement des vêtements mais d’un environnement social déterminé. Les nus prennent place dans un décor sans profondeur où priment l’agencement rythmique des figures et la recherche de la frontalité. Néanmoins l’émotion et la vision restent souples et (im)pertinentes. La femme n’y est plus l’héroïne spirituelle d’une aspiration à l’harmonie dans un drapé intemporel mais elle n’est pas plus le prétexte aux prébendes des fantasmes.
Tirant une partie de son inspiration du « jardin des délices terrestres » de Hieronymus Bosch et de certaines fresques de Léonard à la Chapelle Sixtine, la photographe ouvre un corps qui s’abandonne à des voluptés douces. Chaque prise est effectuée en plongée qui n’a rien d’abrupte et selon une lumière naturelle (et non un éclairage) ce qui n’empêche pas – bien au contraire – les amants d’un jour ou d’une vie de s’abandonner les yeux fermés à la caresse de l’image sur leur peau. Preuve que pour les modèles comme pour les regardeurs la photographie devient la sœur du rêve.
Photographie à la Une – Mona Kuhn.