La prochaine saison de Vidy, Théâtre de Lausanne dirigé par Vincent Baudriller se place sous le signe de l’ouverture sur le monde. Les questions de l’étranger et du vivant, de l’humain seront au cœur des préoccupations des nombreux spectacles présentés.
Alors que j’attendais d’Omar Abusaada.
La dernière création d’Omar Abusaada vient clore la saison et se place comme un prologue à la prochaine. Tous deux Syriens, le metteur en scène Omar Abusaada et l’auteur Mohammad Al Attar se basent sur de nombreux documents et témoignages pour raconter l’histoire d’un homme, Taim, plongé dans le coma après avoir été tabassé à un des checkpoints de Damas. Cette pièce dessine différents niveaux de conscience comme une métaphore de l’état dans lequel se trouve leur pays.
Nathan le Sage de Nicolas Stemann.
La pièce de théâtre de Lessing, Nathan le Sage, a été publiée en 1779. Elle raconte l’histoire d’un juif et de sa fille adoptive, d’une chrétienne, dans la Jérusalem tout juste conquise par le musulman Saladin au XIème siècle. Le metteur en scène allemand a demandé à l’auteure Elfriede Jelinek d’écrire un drame secondaire qui inclut notamment la notion du capitalisme comme quatrième religion. Une création qui s’inscrit pleinement dans notre temps, au cœur de la naissance des conflits, où la tolérance dépend étrangement de son contraire.
Nachlass de Stephan Kaegi – Dominic Huber.
La création du metteur en scène Stephan Kaegi et du scénographe Dominic Huber interroge sur ce que peut laisser un défunt aux vivants dans une époque où la mort n’a jamais été aussi présente (exister virtuellement même après sa disparition, suicide assisté, etc.). Dans ce spectacle déambulatoire, le spectateur est invité à entrer seul dans une installation grandeur nature pour rencontrer plusieurs témoins.
Empire de Milo Rau.
Milo Rau porte un regard tranchant sur le monde contemporain et livre dans sa nouvelle création Empire, dernier volet d’une trilogie européenne commencée en 2014 avec The Civil Wars puis The Dark Ages, en 2015. La pièce interroge le destin des migrants en résonnance avec les mythes de l’ancienne Grèce dans une Europe qui semble oublier ses racines et ne sait pas ce quel sera son avenir.
À noter que le premier volet de la trilogie, The Civil Wars, est programmé à l’Arsenic du 02 au 04 juin 2016.
La Nuit des taupes (Welcome to Caveland !) de Philippe Quesne.
Codirecteur du Centre Dramatique National Nanterre-Amandiers depuis 2014, Philippe Quesne explore un travail avec les acteurs en les plongeant dans un écosystème. Dans La Nuit des taupes, on partage la vie d’une communauté de taupes géantes dans un sous-sol artificiel. Ressemblant aux mondes des humains, cette vie sous terre est une métaphore paradoxale ; le sous-sol où l’on enfoui ce que l’on veut cacher mais qui nourri également les racines.
Pour le jeune public, L’Après-midi des taupes est programmé, une belle manière d’aller au théâtre en famille au travers d’un conte ludique.
Rouge décanté de Guy Cassiers.
Douze ans après sa création, Guy Cassiers représente Rouge décanté d’après le roman de Jeroen Brouwers qui raconte adulte son vécu d’enfant quand il fut interné avec sa sœur, sa mère et sa grand-mère dans un camp de concentration pour femmes en Indonésie. Avec une plastique, une esthétique et une utilisation très singulière de la vidéo, le metteur en scène raconte à son tour ce récit bouleversant et interroge le rapport à l’héritage et à la mémoire.
En manque de Vincent Macaigne.
Artiste multi-facettes, Vincent Macaigne crée un théâtre furieux avec des mises en scène puissantes. Comme pour ses précédents projets (Idiot ! Parce ce que nous aurions dû nous aimer, par exemple), il part d’un texte existant qui lui sert de trame. Ici, le metteur en scène s’inspire librement de l’avant-dernier texte de Sarah Kane, Manque. La solitude moderne, qu’elle soit vécue avec soi-même ou dans une foule, la mélancolie, prise au sens étymologique du terme « corps mort porté en soi » ou celle de ceux qui ne renoncent pas. Autant de sujets sociétaux qui se transformeront en un grand cri d’amour.
Programme Commun.
La troisième édition du Festival des arts de la scène initié par le Théâtre de Vidy et l’Arsenic aura lieu du 23 mars au 02 avril 2017. Parmi les quelques noms déjà annoncé, il y a déjà quelques coups de cœur.
Compassion. Un enfant est mort de Milo Rau.
Dans la poursuite de Compassion. L’histoire de la mitraillette, Milo Rau s’intéresse cette fois sur l’assassinat du jeune palestinien Mohammed al-Durah, survenu en 2000 dans la bande de Gaza.
La Démocratie en Amérique de Romeo Castellucci.
Romeo Castellucci prend pour matière de travail La Démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville au début du XIXème siècle ; une réflexion sur « la démocratie de la race humaine ».
L’ensemble de la programmation est disponible sur le site de Vidy, Théâtre de Lausanne & rendez-vous le 28 novembre 2016 pour découvrir la deuxième partie de la saison dans son intégralité (Rêve et folie de Claude Régy est déjà annoncé > dernier (pré)coup de cœur).
La photographie à la Une, également image de la saison 2016/2017, est signée Christian Lutz. L’exposition No man’s land questionne les flux migratoires et est à découvrir du 10 septembre au 03 décembre 2016 dans La Kantina.
40ème édition de La Bâtie – Festival de Genève | Carnet d'Art
[…] & aussi… deux propositions du Théâtre de Vidy. […]