Hiératique plus qu’offert : ecce « homo ».
Xandra Ibarra, « Nude Laughing », The Broad Museum, Los Angeles avril-mai 2016.
Poussant plus loin les investigations corporelles de Gerard Richter, Käthe Hollwitz, Déborah De Robertis, Maria Lassnig et Milo Moiré, Xandra Ibarra prouve son courage de performeuse et le pouvoir artistique révolutionnaire du corps. Préparant ses « exhibitions » publiques très en amont et avec le plus grand soin afin de limiter les situations périlleuses, les performances – une fois la détermination acquise – prouvent à la fois que l’art peut exacerber ses limites et que le sexe demeure au centre des débats de la société et de la représentation du corps dévêtu. Les réticences à son sujet restent coriaces (euphémisme).
Il demeure toujours tel un horizon trop bas. Ou trop haut. Mais Xandra Ibarra réclame une liberté totale pour lui comme pour l’art. Celui-ci, évidemment, prend diverses formes puisque chaque créateur propose sa reconstruction du réel. Mais si la performeuse cultive l’incarnation de la nudité c’est à la fois pour extraire des contraintes de la moralité, créer des émotions mais aussi des réflexions sur le nu, sa représentation. Voire même la question du genre avec cet étrange appendice que l’artiste « traîne » parfois » parfois derrière elle. À l’inverse de Milo Moiré l’artiste ne considère pas le nu avec neutralité ou comme une toile blanche. Il devient l’occasion de scénariser des formulations que seul il peut paradoxalement traduire : à savoir comment se construit l’identité sociale que les regards collent à la femme. D’où l’utilisation chez elle parfois de prothèses (mammaires par exemple) non pour cacher mais afin de surmultiplier la distinction des genres.