Lunes de miel et creuset de sens d’Agathe Larpent.
EXPOSITION « Kurt Mair, peinture et gravure & Agathe Larpent, céramique » jusqu’au 20 octobre 2018 à la Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry.
Agathe Larpent refuse les images admises et mièvres avec lesquelles le regard est déjà familiarisé. C’est pourquoi il faut apprendre à regarder ce qu’elles montrent et qui nous échappe. Ramifiée en multiples lumières, la matière des céramiques comme les « illustrations» (mais bien plus) des livres sortent de cœur de l’ombre afin de dégager des masques de la nuit – tout en préservant dans ses « céramiques » le noir. Néanmoins il s’inverse, domestique l’obscur car il est soudain « dégrisé », étiré : des chemins s’y tissent.
Agathe Larpent est donc la réenchanteuse du monde et de l’être. Elle ose toujours des voyages dans le nocturne pour recréer des aubes. Dans ses œuvres sur papier – comme pour « Du haut des trois ponts » avec des poèmes de Claire Genot l’œuvre devient plus minimaliste, dépouillée mais agitée de mouvements sourds mais aériens. Les mots de la poétesse se reflètent dans ce qui par la figure s’épanouit à nouveau telle la fleur de l’esprit.
Le mystère de l’existence est là. L’artiste ouvre un équilibre entre paysages du dehors et de dedans –quels que soient leurs matières. Ignorant l’esquisse, préférant l’inspiration du moment les dessins deviennent le lieu où voir a vraiment lieu. Lignes et courbes s’épousent afin d’offrir une fluidité à la trace. Dans certaines œuvres céramiques les formes creuses deviennent elles-mêmes des bornes paradoxales. Plutôt que de bloquer de leur masse elles créent des attentes. En déborde ou presque le mariage de la matière et du sens là où les formes primitives suffisent à recréer un univers et un destin.
Image à la Une © Agathe Larpent, Creuset comète, 28 x 33 x 11cm.