Les coups de cœur de la saison 2016/2017 qui s’annonce comme engagée, politique, ouverte sur le monde, faisant la part belle aux femmes ainsi qu’à la création.
Barbarians de Hofesh Shechter.
Créée lors de la 69ème édition du Festival d’Avignon, la bombe chorégraphique Barbarians ouvre la saison. Ce spectacle, décomposé en trois volets liés par l’espace imaginé comme lieu de contemplation, s’inscrit dans la continuité de la recherche de Hofesh Shechter. Ce magicien de la scène compose une pièce où sur une musique baroque tonitruante ou une puissante électro, les danseurs semblent être dans un état d’urgence, en quête de leur propre définition de l’amour et passent par des émotions violentes, instinctives.
Tristesses d’Anne-Cécile Vandalem.
Dans ce polar nordique, Anne-Cécile Vandalem croise la fiction et la réalité, le théâtre et le cinéma, les vivants et les morts, en ayant comme matière de travail la montée des nationalismes en Europe. Elle dissèque avec humour une des armes les plus redoutables de la politique contemporaine, l’attristement des peuples, en liant la tristesse à la comédie sociale, la politique à l’enquête de mœurs, l’émotion à sa propre résistance.
Hearing d’Amir Reza Koohestani.
L’auteur et metteur en scène Amir Reza Koohestani est l’un des rares artistes, acteur majeur de la jeune génération du théâtre iranien, dont on peut voir le travail en Europe. L’histoire se déroule dans un internat de jeunes filles où celles-ci sont soumises à un interrogatoire. Le dispositif scénique est minimal, la caméra est subjective, l’histoire se répète sous différents angles, la notion du temps se perd dans cette pièce aussi personnelle qu’universelle.
King Kong Théorie d’Émilie Charriot.
Dans l’œuvre de Virginie Despentes, romancière et réalisatrice, King Kong Théorie occupe une place charnière. Entre autobiographie et manifeste pour un nouveau féminisme, ce livre d’une intensité folle est une véritable analyse sociétale abordant des sujets souvent tabous. Pour sa première mise en scène, Émilie Charriot s’empare avec brio de ce texte, joue sur les paradoxes et crée une onde de choc.
Empire de Milo Rau.
Milo Rau porte un regard tranchant sur le monde contemporain et livre dans sa nouvelle création Empire, dernier volet d’une trilogie européenne commencée en 2014 avec The Civil Wars puis The Dark Ages, en 2015. À partir des récits d’expériences vécues en Grèce, en Afrique et au Moyen-Orient, cette pièce interroge la destinée des réfugiés en la confrontant avec les mythes fondateurs dans une Europe qui semble oublier ses racines et ne sait pas ce quel sera son avenir.
Guintche & D’ivoire et chair, les statues meurent aussi de Marlène Monteiro Freitas.
Chorégraphe et interprète, Marlène Monteiro Freitas est une des femmes les plus inventives de sa génération en danse contemporaine. Son solo, Guintche, pièce à la fois abstraite et expressionniste captive par son travail sur la gestuelle, le masque et la grimace, et interroge sur une féminité décalée. Dans ce bal singulier, D’ivoire et chair, les statues meurent aussi, les corps pétrifiés s’incarnent, animés par le désir, dans un imaginaire infini.
Angelus Novus de Sylvain Creuzevault.
En véritable référence pour tout artiste désireux d’inventer une manière politique et offensive de travailler le théâtre aujourd’hui, Sylvain Creuzevault renverse le mythe de Faust pour créer un nouvel ange. Dans une société moderne productrice de marchandises, nos démons sont invités sur les planches pour une prise de conscience nécessaire.
La mouette de Thomas Ostermeier.
Maître incontestable de la scène théâtrale, Thomas Ostermeier s’empare de la pièce mythique du dramaturge russe Anton Tchekhov. Entre lecture de l’amour contrarié, des conflits, des illusions et réflexions sur les différentes étapes de la vie d’un artiste, la pièce révèle l’invisible qui circule entre les êtres.
Création 2016 de François Chaignaud et Cécilia Bengolea.
Les deux artistes associés présentent leur nouvelle création qui regroupe, dans une approche innovante et étonnante, leurs axes de recherche distincts. François Chaignaud explore les danses de l’Europe de l’Est, les chants grégoriens, le chant a cappella et le corps total dans la veine de Dumy Moyi. De son côté, Cécilia Bengolea explore les danses jamaïcaines, politiquement marquées. Avec cinq jeunes femmes issues du ballet classique, cette création promet un mélange détonnant qui puise dans différents répertoires, entre la culture académique, savante, et la danse sociale.
La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Dominique Pitoiset.
Après Cyrano de Bergerac en 2013, le couple Pitoiset / Torreton se retrouve autour du texte de Bertold Brecht, La Résistible Ascension d’Arturo Ui. Cette œuvre allemande des années quarante, reflétant une société sclérosée par la montée en puissance des nationalismes et extrémismes, trouve une évidente résonance contemporaine.
Grand format > Saburo Teshigawara.
Artiste majeur de la scène internationale, Saburo Teshigawara est un immense chorégraphe japonais. Le grand format qui lui est consacré s’articule autour de deux de ses pièces, The man with Blue Eyes et sa dernière création Mirror and Music. Cet artiste multicartes signe lui-même les scénographies et costumes et développe un univers plastique singulier qui est en partie à découvrir dans une exposition ludique jouant sur la lumière et divers effets visuels. Un film documentaire ainsi qu’une conférence de Marie-Christine Vernay sont au rendez-vous de ce grand format rare.
Grand format > Pippo Delbono.
Pippo Delbono est un ours humaniste. Géant de la scène contemporaine internationale, il livre sa bouleversante intimité. Dans ce grand format, trois spectacles sont présentés : Vangelo, un cri d’amour tel un voyage chorégraphique, La Notte, librement inspirée de La Nuit juste avant les forêts de Bernard Marie Koltès, et Amore Carne, célébrant la vie juste avant que n’advienne la mort. Également cinéaste, ce temps est l’occasion de profiter de la projection de trois de ses films. Évidemment bon vivant, un repas avec l’artiste est proposé. L’exposition Ma Mère et les autres invite à entrer dans le décor de son univers très personnel.
L’ensemble de la programmation est disponible sur le site de Bonlieu Scène nationale Annecy & l’ouverture des abonnements est prévue pour le 3 septembre 2016.
40ème édition de La Bâtie – Festival de Genève | Carnet d'Art
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