Relevage des fauteuils, rabattement des vitres.
La photographe autrichienne exilée à New-York sut écoper bien des cahots, dressée, buste tendu de Dame à la licorne à la fugue fidèle à tout ce qui l’étonne et pour en retenir la poésie visuelle. Inge Morath sut fendre le flot matriciel des tourbillons du monde. Son œil scrutait l’heure de bien des départs et des arrivées.
À la croisée des nuits et des jours elle sut apprivoiser l’insolite, attendrir l’ombre des ombres et habiter leur château vide. Un seul lama suffit pour déployer sa lumière sur New-York : son coup devient plus haut que la Colgate Tower. Chaque image déploie son aile sauvage pour effacer crépuscules et fractures. En noir et blanc fleurissent des roses pour refermer certaines histoires et en ouvrir d’autres.
Le monde acquiert une sensualité particulière et allégorise certaine rencontres. Mais nul besoin que Méduse offre des lèvres troublantes. Mais la photographe montre que tout est à deux faces : Il y a là l’enfer (dit-on) ou le Paradis. Marylin Monroe devient chez elle profonde et égarée au sein des buchers des vanités. Ce n’est plus les autres qui lui tiennent de miroir mais son ombre dans sa solitude pénétrante tandis que, fier en son taxi, le lama paraphe l’air en bravant sa peur.
Photographie à la Une © Inge Morath, Maylin Monroe, 1961.