Carnet du sous-sol.
Jean-Louis Giovannoni, « Sous le seuil ».
Editions Unes, Nice, 2016, 128 pages, 20 €.
Jean-Louis Giovannoni fait passer du paroxysme de l’idéal à l’abîme animal. Celui-ci ne cesse de nous aiguillonner de sa paisible germination. En nous la vermine fabrique une perspective que nous voulons ignorer : araignées, blattes, mantes religieuses (dont la copulation n’a rien à envier, selon l’auteur, à celles des adolescents…) s’agitent dans la maison de notre être. La vermine demeure donc fidèle à la condition humaine. Montrer nos nuisibles revient donc à décrypter notre infirmité, ce qui nous affecte et nous grignote.
Nous restons donc moins élite qu’hélix parmi les élytres. Nous sommes à personne sinon à l’insecte qui nous dévore. Notre paquet de viande et de nerfs n’est qu’une masse visqueuse. Et il n’est pas jusqu’à notre sexualité dans notre auto suffisance à ressembler souvent à celle de l’hermaphrodite. Seule la bête dans sa patience infinie reste le sens de notre moindre. Elle nous ramène à l’état de mollusque, éclaire notre état pâteux. Cela permet de suggérer à Giovannoni ce qui fait notre débauche paisible, notre pusillanimité voire notre absence de vertu. Son écrire revient à s’arracher à l’erreur mystique. Car ce qui habite l’être n’a rien à voir avec dieu sauf à penser que l’animal détient lui-même une spiritualité ou qu’il est un Narcisse mélancolique. Ce qui – il faut bien l’avouer – peut se discuter.