Doux amants de l’absurde.
Les dessins, peintures et sculptures de Julien Pinault sont des mises en scène de la solitude teintée d’humour absurde – histoire de sauver les meubles sans doute. L’artiste n’en fait jamais le trop, cultive même le peu sans pour autant sacrifier au militantisme minimaliste.
À la fois réalistes et poétiques ses personnages sont de petits princes sans rire, sans royaume et parfois chenus. Sont-ils des portraits « sublimés » de leur créateur ? Un peu sans doute. Surtout lorsque les êtres échappent du réel et se dotent d’étranges « ailes » pour sortir du chaos ou entrer dans le désordre en voyageurs de l’impossible.
Julien Pinault tente d’observer le secret des êtres sans tenter de percer ce qu’ils cachent. L’artiste fait bouger l’inerte mais pas à pas, pied à pied en un exercice de lenteur. Il ressemble parfois à un rêve, une sortie du temps où le voyage pousse jusqu’à des souks étranges à la tiédeur obscure.
Pour chaque personnage comme pour l’artiste, l’action est la sœur d’un rêve. L’envol est là. Parfois un simple tapis volant suffit pour échapper au principe de réalité. Mais lorsqu’une floculation de nuages ouatés passe il faut des jambes à ressorts pour tenter de les rejoindre et s’y reposer.
Intimiste et énigmatique ce travail est d’abord le fruit d’un état d’esprit. Julien Pinault adopte l’attitude légère du flâneur ailé, disponibilité au hasard qui favorise les apparitions et les coïncidences. Elles sont au cœur de sa démarche là où rien ne colle au réel mais s’en détache sous formes de fragments d’un récit de naufragé. Sensibles et pensives, les images de l’artiste sont des moments flous d’une certaine « vacance ».
Image à la Une © Sans titre, Encre de Chine et aquarelle, 30 x 40 cm, 2013, Julien Pinault.