L’opium oui, mais pas du peuple.
Livre de poésie « Opium » par Léon Paul Fargue et Olivier Jung aux Éditions Fata Morgana, 18 pages (tirage limité à 30 exemplaires sur vélin comportant chacun deux dessins d’Olivier Jung).
Alfred Jarry, Marcel Schwob, Edmond Jaloux et Paul-Jean Toulet furent les compagnons de Léon Paul Fargue dans leur voyage aux paradis artificiels. L’auteur est clair sur son but :
« Fais-moi quitter mon corps visible.
J’escaladerai les échelles
Des épreuves et des blessures,
Je traverserai les systèmes,
Incube de tous les soleils,
Goutte de feu, goutte de boue,
Dans ma soif de te reconnaître.
Sans toi, sans ta douceur sévère,
Ma vie est le rêve d’un rêve Hanté de fantômes trop tendres ».
La drogue ouvre donc une brèche dans laquelle Olivier Jung s’est engouffré – métaphoriquement parlant – pour ouvrir l’expérience anesthésiante du poète afin de visualiser ce qui se passe dans la tête de l’opiomane.
Quittant le jeu de plans, tout en se situant à la limite de l’abstraction et de la figuration, les dessins à l’encre ouvrent des routes où la douleur n’est pas absente. Jung a tout compris du poète et de ses masques qu’il trainait dans le convoi des jours. Il quitta leurs « repas d’ombres pour d’autres ombres ». Il y a là une connaissance par les gouffres que n’aurait pas reniés Michaux. Les encres deviennent des signes noirs s’allument de leurs stridences. Erreur, vérité qu’importe. Le poète s’enroula autour d’un tel dévidoir et son « enclume à l’oreille cassée » dans la quête des éclairs de chaleur et sortir du « présage secret qui chasse sur les hommes » En face du tunnel où se cache la fée. Restent dans les dessins des bâillements, des cris froids, des attentes en des départs et retombées dont le poète ne put renverser la vapeur.
Image à la Une © Éditions Fata Morgana.