Amazones au bord de la crise de nerf.
Beau-livre « Those Clody Colours » aux Éditions Hatje Cantz.
Étrange théâtre que celui offert par les peintures de Martin Eder. Elles naviguent à travers ses femmes en armure entre le concept et une révision du l’art du portrait contemporain. Ses mélancoliques guerrières symbolisent autant l’agression que la paix dans une recontextualisation paradoxale de notre monde.
De telles huiles sur toile de scènes intimistes pourraient sembler appartenir à un néo surréalisme. Mi anges, mi démones, les Jeanne d’Arc postmodernes suggèrent une ambiguïté séductrice patente. Le flou entre le réel et son reflet est toujours souligné au sein d’un dysfonctionnement volontaire de la psyché.
L’œuvre de Martin Eder pose en conséquence la question centrale de la peinture et de sa théâtralité. À savoir de quoi jouissons-nous ? Les toiles permettent d’atteindre un ordre de voyance (proche sans doute du fantasme) auquel nous n’avons pas accès dans les faux repères que propose Eder. Il ouvre néanmoins la porte des interdits. Entrer dans son théâtre figural revient à avoir accès à certains de nos monstres sans que pour autant l’artiste en offre une image littérale.
Les prêtresses armées deviennent des prostituées d’un genre particulier et le regardeur leurs clients par l’ivresse étrange que les premières peuvent suggérer sans pour autant être de purs vecteurs de désir. À travers sa scénarisation le corps prend la consistance de porcelaine fragile sous des carapaces aux formes alambiquées.
Image à la Une © Éditions Hatje Cantz.