« Phosphor on the Palms », Hauser & Wirth Gallery, Londres, du 22 septembre au 21 novembre 2015.
Dans ses nouveaux portraits riches autant par leurs détails, couleurs que leurs textures, l’anglaise Anj Smith délivre divers états psychologiques, oniriques mais aussi de modes d’une sous-culture et d’une histoire revisitée de la peinture. « Phosphor on the Palms » – dont le titre est un clin d’œil au poème « Fabliau of Florida » de Wallace Stevens – transcende donc le genre par ses morphologies forgées d’hybridations susceptibles de restituer la complexité de la vie. Eros et Thanatos, sexualité et langage se mêlent en renversant les standards du portrait mais aussi du paysage voire des modes de vie.
Peintes toujours dans le même registre les œuvres assemblent des éléments disparates afin de créer une poésie visuelle qui transcende parfois la différenciation des genres. Devenues androgynes les visages naviguent entre ambigüité, angoisse er aliénation. Des vêtements du type d’Alexander McQueen deviennent dans leur « reprise » picturale des armures. Elles ramènent vers une esthétique punk là où se mêlent des imageries animale et botanique Rien pourtant de ce qui est inclus n’est imaginaire : mais les adjacences créent de subtils mystères là où les femmes naviguent non sans extravagances entre défense et vulnérabilité. L’œuvre relie les vanités hollandaises du XVIIème siècle et aux œuvres d’Adolf Wölfli et Richard Dadd. L’œuvre reste une suite de feux follets se centuplant tandis que le corps fiente sa texture dans ce qui tient d’une porcherie mais des plus luxueuse et gothique. Chaque portrait dans sa macération laisse le sujet assujetti à ce qu’il ignore. La peinture devient presque une ritournelle de formes grimées et parfois hallucinées. Les femmes semblent somnambuliques. Leurs fétiches grouillent comme des asticots. Mais noblesse oblige.
Image à la Une © Anj Smith