Jan Saudek

Le Féminin du monde.

Jab Saudek, “Saudek & Saudek 80” Gallery of Art, Prague, jusqu’au 31 janvier 2016.

Pour Jan Saudek sans le corps femme – vivant et pensant qui assure la continuité, dans le temps – l’univers ne se connaît pas lui-même et il n’est  connaissable par personne. Il fait donc voir l’univers et  assure la permanence de cette vue. Le sexe féminin est la voie même de cette continuité. Il faut donc parler de l’enrobement narratif de l’univers dans le corps vivant féminin comme continuité du vivant humain fécondé et pensant. Ici survient la force de la narration de Saudek. Elle englobe toutes les langues et ouvre l’Histoire à un contre-récit guerrier où les rôles sont inversés. Quoique encore opprimée la femme recommence les narrations faussées que les mâles ont inventés à leur profit.

Jan Saudek (2)

À partir des expériences plus que traumatisantes de la déportation et de la mort de ses proches Saudek n’a pas tiré que des cadavres d’images. Certes la dépouille générique du corps est souvent présente. Néanmoins l’artefact de la mort n’est pas omniprésence. La sexualité suggère la plus sure « re-remontrance » face à Thanatos. Le monde avance dévisagé, la création replace du commencement, à la sortie de la nuit, dans une aube à l’état naissant propre à l’accroissement du corps. L’humour est souvent présent pour sublimer l’horreur et ne pas envelopper dans le même rouleau du temps l’histoire du monde et la photographie. Celle-ci contredit la premières par le déplacement des raies spectrales. Les femmes crient, rient et râlent, elles échappent à la saturation en oxygénant leurs grimaces. Elles ne stimulent que la quantité utile au volume de leur simulation. Dans des opéras visuels baroques leur beauté casse l’horreur des ruines et la laideur des hommes. Tout ce qui ne va pas droit dans le mur est donc suspendu aux lèvres des femmes.

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