Le voyage d’Aédé

Ils ont donné vendredi 20 novembre à À Thou Bout d’Chant leur dernier concert lyonnais avant la trêve hivernale. Ce duo, composé d’Amandine Ferrier à l’écriture et au chant et de Matthieu Chevalet à la guitare, officie du côté de la chanson-à-texte-pas-chiante.

Je m’explique : derrière leur apparente simplicité, les deux musiciens font montre d’un regard aigu sur le monde et ses défauts, des plus quotidiens aux plus universels. On touche à l’infantilisation des patients par certains médecins imbus de leur supériorité (Médecine), les femmes sont mises face à leur émancipation inachevée (Alors, heureuse ?), le record du village le plus « vidéo-protégé » de France est tourné en ridicule (la Sourizay, commune imaginaire du Beaujolais).

Le voyage d'Aédé (3)

La critique est sans appel mais l’ironie n’est pas acide. Chaque chanson est une miniature qui révèle une personne libre et propose une alternative aux logiques absurdes. Plutôt que de courir après le succès, Le Voyage d’Aédé prend la contre-allée, dans la forêt, et en profite pour cueillir des champignons. Amandine glane au passage quelques chansons (garanties 100% fraîches et locales) tandis que Matthieu se gratte le ventre sur une six cordes. Comme tous les musiciens de leur génération, ils ont digéré les musiques anglo-américaines et distillent un groove subtil qui se retrouve jusque dans la démarche chaloupée d’Amandine (je n’ai pu m’empêcher d’y voir l’influence de ce bon vieux O’Malley, le jazzcat le plus prestigieux de l’écurie Disney). Voilà donc deux trentenaires dynamiques et rafraîchissants, rats de cave à musique et à vin (Beaujolais oblige). Avec eux, il fait bon vivre sous les frondaisons : on peut tranquillement écouter Amandine fredonner ses chansons.

Le voyage d'Aédé (2)

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