Embarquements pour Cythère.
Soluto reste un maître en études de nu. Les Eve et quelques Adam sont métamorphosés par des couleurs. Elles permettent d’apprécier la continuité et les constantes du travail tout en mettant en valeur ses innovations habiles tant sur le plan du portrait que l’assemblage des pans chromatiques. Ils proposent une expressivité baroque où les connotations sexuelles jouent sur le montré-caché qui se distingue par une liberté de ton et de sujet. Clouées sur un mur de telles femmes rendent forcément marteaux dans leurs fragments pigmentés : elles créent des accords particuliers et imprévus. Eros y vibre entre ombre et lumière et l’énergie existentielle domine. Mais pulsion et impulsion sont maîtrisées par la technique. Elle se moque de léché. Et le génie du lieu de chaque portrait semble tenir d’une « géographie » de l’amour.
Buste de femme maigre et noueuse dans des teintes froides et brisée, Acrylique sur panneau, 30 cm x 40 cm, février 2017, Soluto.
Soluto fait comprendre que le plaisir est comptable de l’ivresse des formes. L’art est donc autant une opération de l’esprit que du corps. Il néglige des définitions dans lequel l’amour se trouverait compacté. Plus qu’allégorique la peinture devient le royaume de l’imaginaire. Elle représente les diverses circonstances d’une intrigue passionnée non d’un homme avec une femme mais d’un peintre avec son art. La topographie et la chorégraphie deviennent une correction du réel pas forcément romantique ou romancée. Mais pictural certainement. Aphrodite ne nait plus pas forcément de l’eau mais des ondes lumineuses qui dans leurs floculations mettent le paquet pour embarquer vers Cythère. Corps et visages s’y promènent déjà en couleurs limoneuses d’une terre érotique aux moires particuliers, loin de procédés rhétoriques et de l’obsession fétichiste.
Image à la Une © Homme nu sur pied, Acrylique sur panneau, 30 cm x 40 cm, avril 2017, Soluto.
