Bonlieu Scène nationale 2018-2019 • 2e partie de saison

Les spectacles proposés durant la deuxième partie de saison de la Scène nationale d’Annecy reflètent un monde dont il faut s’emparer ici et maintenant.


Les Juré.e.s du 09 au 11 janvier 2019.

Marion Guerrero, pour la mise en scène, et Marion Aubert, pour l’écriture, s’emparent d’un sujet aussi brûlant d’actualité que nécessaire à aborder : celui de la place de la liberté d’expression. Des attaques dont nous portons encore les meurtrissures à la censure pouvant aller jusqu’à l’injuste et incompréhensible emprisonnement, les limites de ce que nous pouvons tolérer, accepter ou subir sont régulièrement mises à mal. Les Juré.e.s met en place un procès fictionnel qui touche à des endroits sensibles, qui place dans des zones d’inconfort. Si nous devions juger de ce qui relève des limites admissibles, si nous devions être les juges voire les censeurs d’une œuvre, quelle qu’elle soit, que ferions-nous ? Les questions sont posées, à chacun.e.s de s’en emparer.


Optraken du 30 janvier au 01 février 2019.

Optraken, première création du Galactik Ensemble, est envisagée comme une réflexion sur le rapport que l’homme entretient avec un environnement hostile. Ce collectif de cinq circassiens de formation déploie un univers où ils semblent être pris au piège par différents objets, comme pris dans un cauchemar dont il faut à tout prix s’extraire. S’ils testent aussi bien leur capacité de résistance que leur niveau de résilience, ils arrivent à mettre en place une grande inventivité mêlée à une énergie communicative. Le Galactik Ensemble nous laisse entendre que tout le monde est capable de survivre quand les peurs sont dépassées.


Belgian rules / Belgium rules les 08 & 09 février 2019.

Belgian rules / Belgium rules est conçu suivant une construction rigoureuse, chronologique, par chapitres, mais échappant à une téléologie simpliste par la permanence de thèmes et de symboles. Jan Fabre nous invite, et Johan de Boose qui signe le texte, à représenter un système qu’il s’ingénie à dénoncer. Non seulement par le sujet même de la pièce (la Belgique représentée) mais surtout par cette ouverture constante du spectacle sur la vie, grâce aux références à une culture quotidienne, à des traditions, à un folklore, et aussi grâce aux discours théoriques sur le théâtre. De là se posent des questions relatives au capitalisme, à l’individualisme, à l’hypocrisie généralisée qui se prennent dans un discours métathéâtral qui fait fond généreusement, et sans le cacher, sur un texte canonique : Le Théâtre et son double d’Antonin Artaud.


On s’en va les 14 & 15 mars 2019.

Krzysztof Warlikowski s’empare de la pièce d’Hanokh Levin. On s’en va s’inscrit comme une résonance entre deux états : celui du metteur en scène, et de la Pologne, avec celui de l’auteur, et d’Israël. Cette fable contemporaine aborde le désir de partir, l’envie d’ailleurs pour des créateurs qui semblent avoir la même vision pessimiste du monde. Dans une vision presque désenchantée de nos sociétés, se pose la question des tragédies humaines.


Minuit les 20 & 21 mars 2019.

Les créations de Yoann Bourgeois explorent régulièrement les équilibres précaires et les rapports de force existant dans une vie comme mise en suspension. Défiant sans cesse la gravité, Minuit est un spectacle composite, en presque perpétuelle évolution, où la machinerie mise en œuvre fait jouer une poésie qui n’a pas de mots. Si la chute apparait comme inexorable, la tentative de vivre malgré tout est relevée dans un temps où l’existence semble être à portée de main.


Retour à Reims du 02 au 04 mai 2019.

Thomas Ostermeier livre sa version de Retour à Reims, quelques années après la parution de l’essai de Didier Eribon. Dans un studio, une actrice enregistre le commentaire d’un documentaire, qui se déroule en direct. Jeu et film se superposent pour révéler au mieux les angles sombres de la société d’aujourd’hui, comme les mécanismes d’exclusion, la disparition de la classe ouvrière… Un état des lieux politique et humaniste qui rend compte d’un état de l’Europe et des sociétés qui la composent.

Image à la Une © Bonlieu Scène nationale.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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