Drôles d’oiseaux.
Exposition, « Petites sculptures et papier » jusqu’au 13 juillet 2017. Galerie Lelong, Paris.
Kiki Smith explore de manière ludique le monde humain et animal avec un humour. Elle fluidifie une certaine brutalité et pimente l’innocence venues des légendes. Surgit un monde onirique à travers divers médiums mixés (dessin et gravure, photographie et collage, bronze et porcelaine) entre autoportraits et effigies mystérieuses. La nouvelle exposition chez Lelong mélange petites sculptures de bronze et dessins d’oiseaux « passeurs d’âmes » comme le sont tous les animaux dans l’œuvre de l’artiste. Ces oiseaux ressemblent à ceux qui hantaient la cour de sa maison de New York ou les bois de bouleaux de la campagne où elle réside désormais.
© Kiki Smith.
Fille du sculpteur minimaliste Tony Smith et de la chanteuse lyrique Jane Lawrence, Kiki Smith (née à Nuremberg) fut très marquée par les premiers ravages de l’épidémie du sida. Depuis, son œuvre témoigne de l’importance du corps. Elle s’attache directement ou à travers ceux des animaux à souligner la force et la dérision du vivant. Elle le résume ainsi : « Le corps est notre dénominateur commun et la scène de notre désir et de notre souffrance. Je veux exprimer par lui qui nous sommes, comment nous vivons et nous mourons ».
Le volatile lui permet d’évoquer une intimité errante et de présenter des images à la fois les plus anciennes et les plus neuves en refusant d’effacer ce que la vie sécrète et ce que la mort dissout. Il faut donc accepter la confrontation avec la proximité outrageuse des oiseaux. Ils remplacent les crânes de ses anciennes « catching views ». D’où la question : ces présences est-ce vraiment des oiseaux ? Est-ce vraiment nous ? Reste leur « Passion » au sens christique mais détourné du terme. Elle se superpose au formidable cortège humain dont nous ne sommes que des égarés provisoire au moment où – à l’inverses du peuple des volatiles – notre foule est de plus en plus compacte.
Image à la Une © Kiki Smith.
