Vangelo

L’évangile selon Pippo Delbono.

Après Orchidées ou Dopo la Battaglia, Pippo Delbono s’inscrit dans l’évidente continuité de sa recherche théâtrale avec sa dernière création Vangelo. Il est ici question de religion, de sa mère, de tragédies, de souffrances, de beauté et d’amour.

Vangelo débute par les paroles de l’acteur et metteur en scène confessant que l’origine de cette pièce a pris forme lorsque sa mère, peu de temps avant sa mort, lui avait demandé : « Pippo, pourquoi tu ne fais pas un spectacle sur l’Évangile ? Pour donner un message d’amour avec un spectacle de toi. On en a tellement besoin en ce moment. » Avoir été élevé dans la tradition catholique, avoir des croyances, avoir la foi, aimer son prochain, tendre la main, qu’est-ce que tout cela signifie aujourd’hui ? Pouvons-nous encore croire qu’il reste une part de notre humanité à sauver dans ce monde où toutes les sortes d’injustice ne font que s’accroître ? La réponse de Pippo Delbono est un cri d’amour, un voyage chorégraphique dans le monde de l’Évangile.

« Voglio musica e basta ! »

On retrouve les inspirations de ses pairs artistiques tournées vers la danse de Pina Bausch lorsqu’un couple s’enlace avec passion (Café Müller, 1978) ; et tournées vers les racines du théâtre de Jerzy Grotowsky en voyant « la bataille de l’être humain avec lui-même pour être compris par celui qui le regarde ». Avec douze acteurs en tenue de soirée, la cène devient festive, presque exempte de son poids symbolique mais dans Vangelo ce n’est pas seulement la scène qui est espace de jeu, c’est l’ensemble de la salle qui devient espace de création et d’expression : les paroles et la musique résonnent. Bobò empoigne un violon avec toute l’assurance et le naturel qui lui est propre, il semble porter en lui toutes les réponses aux questions que nous pourrions avoir.

« Cette joie inexplicable que j’ai trouvée dans les lieux dévolus à la souffrance. »

Lors de sa réflexion sur la création de ce spectacle, Pippo Delbono a filmé et photographié les Madones, Christs et martyrs des temps modernes, des images, des visages d’hommes et de femmes qui montrent une réalité tourmentée, pénible et douloureuse – comme le témoignage saisissant que nous délivre ce réfugié ayant dû fuir son pays et qui a traversé les frontières au péril de sa vie. L’acteur et metteur en scène a également filmé sa propre errance dans un hôpital lorsqu’il a été soigné pour une maladie des yeux. Il montre ainsi « son voir-double, désespéré et grotesque » ; un « voir-double » qui fait écho à l’époque que nous vivons dans tous ses paradoxes. Dans ce théâtre vrai, total et sacré, à chacun alors de faire son propre chemin et de construire sa réflexion en se nourrissant de toute l’humanité qui nous a été délivrée à Vidy, Théâtre de Lausanne.

Prochaines dates :

Image à la Une © Vidy.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

2 Comments

  • […] s’inscrit dans l’évidente continuité de sa recherche théâtrale avec sa dernière création Vangelo. Il est ici question de religion, de sa mère, de tragédies, de souffrances, de beauté et […]

  • […] réflexion sur la condition des réfugiés se fait de plus en plus présente – que ce soit dans Vangelo, son film Évangile ou encore lors de ses prises de paroles entamant ses spectacles, comme ce fut […]

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